Le 23 novembre 2016
- Scénariste : Christophe Arleston>
- Dessinateur : Tarquin, Didier
- Série : Lanfeust des Etoiles
- Genre : Aventure, Fantasy , Humour
- Editeur : Soleil
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 23 novembre 2016
Arleston et Tarquin nous gratifient (juste à temps pour Noël, comme quoi le hasard fait bien les choses) du traditionnel opus annuel de l’infatigable Lanfeust, qui en est déjà à son troisième cycle et à son seizième album. Alors, valeur sûre ou exploitation abusive d’une franchise moribonde ? Nous allons tenter de répondre pour vous à cette préoccupante question.
Tout d’abord, un petit rappel des faits : Lanfeust est un simple (dans tous les sens du terme) apprenti forgeron de Troy, monde merveilleux où tout un chacun possède UN pouvoir, utile ou pas. Lanfeust, par exemple, peut faire fondre le métal d’un simple regard, ce qui est assez pratique dans son corps de métier.
Cette magie provient d’un animal aussi légendaire qu’il est gigantesque, le Magohamoth. Figurez vous une sorte d’île flottante (pas le dessert, le bout de terre entourée d’eau) et ambulante, et vous aurez une idée de la physionomie du bestiau.
Bref. Lanfeust vivait une vie somme toute paisible, tiraillé entre sa promise, C’ian et sa sœur Cixi.
Mais un jour, coup de théâtre : un banal accident de travail a révélé chez Lanfeust une sensibilité inédite à l’ivoire du Magohamoth : quand il le touche, il possède le pouvoir absolu, à savoir TOUS les pouvoirs.
Cette révélation marque la fin de sa tranquillité et le début de son épopée, durant laquelle, flanqué de ses amis et d’Hébus, un troll sanguinaire mais sympa, il va notamment affronter Thanos, un pirate à ce point cruel et malfaisant qu’il redonne au mot "caricature" toutes ses lettres de noblesse.
Après huit albums passés à arpenter Troy en long, en large et en travers, il élargit lors d’un second cycle son horizon à l’espace (d’où le nom de Lanfeust des Étoiles donné à ce second cycle, comme le savent les connaisseurs), où, comme de juste, il retrouve sa Némésis en la personne de ce brave Thanos qui n’a décidément tiré aucune leçon du premier cycle. Tant pis pour lui.
Et c’est à l’issue de cette petite escapade dans les étoiles qu’on retrouve Lanfeust, de retour sur Troy. Seulement voila, ce n’est plus tout à fait le Troy qu’il connait, car même si pour lui son voyage n’a duré que quelques mois, c’est près de vingt ans qui se sont écoulés sur sa planète natale.
Déboussolé sur ce monde qui n’a gardé de lui que le souvenir d’un héros légendaire, il est très vite accusé d’un meurtre qu’il n’a (presque) pas commis et se retrouve traqué. Durant sa fuite, il vit moult aventures, se marie avec quatre femmes en même temps et affronte Lylth l’Eternelle, une créature qui n’a en commun avec les Schtroumpfs que sa jolie couleur bleue. Ceci mis à part, cette nouvelle ennemie de Lanfeust est assoiffée de pouvoir et se nourrit essentiellement d’enfants. Autant dire qu’elle ne risque pas de remporter la victoire dans Un Dîner presque parfait. Son affrontement avec Lanfeust laisse ce dernier quasiment mort à l’issue du tome 7, et il ne survit que grâce à l’intervention de Cixi qui le ramène dans les étoiles pour le placer dans une cuve de régénération. Et c’est là que commence le tome 8, où les auteurs nous narrent la traque de Lylth.
Les séries de bandes dessinées peuvent se comparer au vin : certaines se bonifient en prenant de l’âge, d’autres tournent au vinaigre. Le cas de Lanfeust, qu’il soit de Troy, des Étoiles, ou en plein cœur de son Odyssée, est un peu différent. Le premier cycle est, encore aujourd’hui, une référence incontournable de la BD d’héroïc-fantasy grand public. Il existe même des gens (peu nombreux, rassurez-vous) qui pensent que Loisel s’est inspiré de Lanfeust pour sa Quête de l’Oiseau du Temps. Bref. Force est de constater que cette série, superbement dessinée par un Tarquin en grande forme, inventive, drôle, aux dialogues bien tournés, fourmillant de jeux de mots et de références flattant l’égo du geek décadent qui sommeille plus ou moins profondément en chacun de nous, mérite largement son succès.
Du moins quand on s’arrête au premier cycle. Les avis concernant Lanfeust des Étoiles sont moins dithyrambiques. Attention, cela se laisse lire, bon nombre des éléments cités plus haut sont encore là, et cela fait toujours plaisir de retrouver des personnages que l’on a aimés, mais force est de constater que l’intrigue, sorte d’imbroglio entre space opéra, héroic fantasy et voyages temporels, part un peu dans tous les sens et déçoit le lecteur fidèle.
Heureusement, à l’issue de ce cycle en demi-teinte, Lanfeust et Hébus rentrent sur Troy, et ça, ça fait plaisir. On retrouve des personnages, des paysages, des problématiques qui agissent comme une madeleine de Proust, en plus drôle bien sur. Et puis, on ne va pas se mentir : on a beau savoir que le coup du "héros-qui-n’a-pas-vieilli-alors-que-des-années-se-sont-passées-en-réalité-chez-lui", c’est une ficelle scénaristique vieille comme le monde se rapprochant plus de la corde à nœuds que du fil de pêche, ça marche à tous les coups. On en écraserait presque une petite larmichette. Ajoutons à cela le "meurtre" commis par Lanfeust en début de cycle, et on a là de quoi faire sangloter dans les chaumières, tous les ans vers fin novembre, que ça soit d’émotion, ou, pourquoi pas, de rire.
Car oui, on sourit facilement devant les nouvelles aventures de ce grand nigaud de forgeron (sans vouloir offenser les membres de cette noble corporation, bien sûr, c’est juste pour éviter de répéter "Lanfeust" à tout bout de champ). C’est comme retrouver de vieux potes (plutôt au bistrot dans le cas présent) dont on connait par cœur les réactions. En un sens c’est rassurant. N’ayons pas peur des mots, cependant : il ne se passe pas grand chose dans cet album. Nos héros se contentent d’y traquer la méchante Lylth. Même cette fameuse Tseu-Hi, qui fait pourtant la couverture, n’est qu’entraperçue, les auteurs se contentant de nous laisser entendre, sur une sorte de coup de théâtre final, que ce personnage, pas vraiment inconnu, va gagner en importance dans les prochains épisodes. Ceci mis à part, elle est pour l’instant globalement inutile.
Un album en demi-teinte, donc, une transition avant l’affrontement final, que l’on devine imminent. Il n’en reste pas moins que l’on passe un agréable moment de lecture. Tous les ingrédients de la série-phare de Tarquin et Arleston sont là, il serait donc dommage de bouder notre plaisir. Rien ne vous empêche donc de vous offrir cette friandise, ce petit plaisir coupable.
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