Au début, il n’y avait rien.
Le 25 août 2014
Du dehors en dedans, de vides en vertiges, Lacrau trace les contours hésitant d’une méditation contemporaine sur l’être et le néant.


- Réalisateur : João Vladimiro
- Genre : Documentaire, Expérimental
- Nationalité : Portugais
- Durée : 01h39mn
- Date de sortie : 27 août 2014

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Du dehors en dedans, de vides en vertiges, Lacrau trace les contours hésitant d’une méditation contemporaine sur l’être et le néant.
L’argument : Un jeune garçon, au-dessus de l’eau, à flanc de rocher, rit, hésite : à l’idée de sauter, à celle d’entamer un voyage qui sera celui du film. Lacrau consiste en ce premier saut : quitter la ville multiple, saturée de signes, pour gagner les régions agricoles et les paysages dénudés du Nord du Portugal. A la recherche d’une capacité d’émotion devant la nature et les figures qui l’animent -de pratiques rituelles en totems d’animaux, de croix en sculptures creusées dans la roche et le bois- le film explore un territoire physique comme on regarde au-dedans de soi, par-delà la mystique et les peurs enfouies.
Notre avis : Histoire sensitive tant naturaliste qu’abstraite, le film de João Vladimiro s’abandonne aux plaisirs des sens. Le spectateur, sceptique, n’a pourtant d’autre choix que de se soumettre aux séquences erratiques qui lui sont présentées, sous peine de ne tirer aucun plaisir de ce voyage singulier.
Muet et non narratif, Lacrau s’érige comme l’une de ces expérimentations cinématographiques radicales que le public arty affectionne. Il serait pourtant injuste de réduire ce documentaire hors-norme à sa seule excentricité. De bribes en énigmes, le long-métrage étire ses interrogations en longues courbes tortueuse. On prend plaisir à se perdre dans ce dialogue sourd de l’homme avec lui-même.
Lorsque la ville se tait, que le monde reprend ses droits, que la vie se dévoile comme ce qu’elle a toujours été, Lacrau chante la beauté de pays oubliés. Formats d’image, montages éclectiques, mélodies disparates... Les choix n’ont le sens que l’on veut bien leur accorder. Poésie nébuleuse ou essai radical, le film redonne aux symboles du temps la puissance du cœur.
João Vladimiro accouche ici d’une oeuvre très personnelle. En nous refusant l’accès aux codes pour la décrypter, il en fait une statue de glace dont le mysticisme nous intrigue mais dont l’opacité rebute.
« Si le scorpion voyait et la vipère entendait, tout serait perdu ». Les choses sont ce qu’elles doivent être. Une seule question réside. Faut-il partir ?