Dans les pas de Bruno
Le 16 décembre 2017
Lac Noir est une fable qui repose sur un dispositif pour le moins déconcertant mais qui, en creusant un peu derrière ses choix formels anticonformistes, se révèle porteur d’une vraie sensibilité dans ce qu’il dit de la vie et la mort et des peurs de son auteur.
- Réalisateur : Jean-Baptiste Germain
- Acteurs : Bruno Dauphin, Clémentine Billy , Madanie Boussaïd
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
- Durée : 1h06mn
- Date de sortie : 20 décembre 2017
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Résumé : Bruno, la trentaine, remonte les paysages de son enfance à la recherche du Lac Noir. Atteint d’une maladie incurable, il est en quête d’une dernière lumière.
Notre avis : Mais qui est ce Bruno ? Cette question, presque métaphysique, est le cœur de l’approche atypique que Jean-Baptiste Germain a donné à son road-trip. Davantage que le parcours de cet homme d’un point A vers un point B, c’est donc son passé sinueux que le spectateur est invité à découvrir, et ceci dans le but de répondre à une autre question, plus délicate encore : méritera-t-il d’accéder à la rédemption au moment de sa mort ? Pour y parvenir, le réalisateur accumule des scènes de témoignages face-caméra de personnes qui ont plus ou moins connu Bruno. A partir de ces monologues, le portrait assez trouble de Bruno se dessine peu à peu : Un individu lunatique, aux convictions politiques aléatoires mais toujours radicales, mais surtout coupable d’un crime impardonnable et atteint d’une maladie incurable.
- Copyright La Vingt-cinquième heure
Ces scènes déclamatoires, au nombre de cinq et qui permettent de profiter de la prestation parfaitement convaincante d’autant d’acteurs non-professionnels, sont montées en alternance avec des passages bien plus conventionnels. Si ceux-ci ne se donnent, dans un premier temps, pas le temps de construire une dramaturgie cohérente, ils vont, au fur et mesure, prendre de plus en plus de place jusqu’à prendre la place centrale de la seconde moitié du long-métrage. Le film va ainsi peu à peu se transformer en road-trip classique. La bluette qui naît entre Bruno et une jeune fille qu’il rencontre en chemin permet au public de rendre ce personnage un peu plus attachant. Leurs dialogues vont d’ailleurs permettre de remettre au cœur du film une thématique, pourtant bien présente dès la scène d’ouverture, celle de la religion, et en particulier de la foi.
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La construction pour le moins singulière mais aussi le caractère artisanal de la mise en scène pleine de mélancolie sont donc mis à profit d’un discours mystique, sur le poids des pêchers au moment de la mort. Davantage que cette fable dévote qui est bien évidemment incapable de donner des réponses concrètes aux questions qu’il pose (qui le pourrait ?), ce road-trip mélodramatique est avant tout l’occasion pour Jean-Baptiste Germain d’aller filmer son Ardèche natale (bien loin du lac Noir dans les Vosges que semble annoncer le titre donc) ainsi que des proches pour leur donner à jouer de courtes tranches de vie qui sont toutes liées à leur propre passé. C’est cette sincérité qui permet à ces amateurs de rendre leurs saynètes respectives pertinentes et de créer un tout qui, en plus de jouer sur la barrière entre réalité et fiction, parvient à s’avérer véritablement touchant.
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