Voler n’est pas jouer
Le 4 février 2014
Adaptée d’un roman pour jeunes adultes écrit par l’auteur australien Markus Zusak en 2005, La Voleuse de livres est une oeuvre scolaire, sans cesse guettée par le manichéisme.
- Réalisateur : Brian Percival
- Acteurs : Emily Watson, Geoffrey Rush, Sophie Nélisse
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Allemand
- Durée : 2h11mn
- Titre original : The Book Thief
- Date de sortie : 5 février 2014
Adapté d’un roman pour jeunes adultes écrit par l’auteur australien Markus Zusak en 2005, La Voleuse de livres se déroule au cœur de l’Allemagne, à l’époque où Adolf Hitler était célébré même dans les écoles et se méfiait de l’influence possible des ouvrages. Le résultat est une oeuvre scolaire, sans cesse guettée par le manichéisme.
L’argument : L’histoire de Liesel, une jeune fille envoyée dans sa famille d’adoption allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle apprend à lire avec le soutien de sa nouvelle famille, et de Max, un réfugié Juif qu’ils cachent sous leurs escaliers. Pour Liesel et Max, le pouvoir des mots ainsi que leur propre imagination vont devenir leur seule échappatoire face à la guerre.
Notre avis : La Seconde Guerre mondiale vue à travers les yeux d’une enfant : c’est ainsi que le réalisateur Brian Percival raconte la trajectoire de la petite Liesel, dont la vie est bouleversée par la Grande Histoire. Alors que la plupart des films sur la guerre évoque l’occupation allemande dans d’autres pays, La voleuse de livres préfère se concentrer sur l’Allemagne elle-même, au cœur d’une petite ville où le nazisme est partout.
Discours prônant la grande Allemagne, chants hitlériens à l’école, portraits d’Adolf Hitler dans les salles de classe…Rien n’est épargné au public pour qu’il comprenne toutes les méthodes d’endoctrinement mises en place à l’époque. Des reconstitutions d’événements historiques comme la Nuit de Cristal montrent la gravité de la politique nationale, alors que défendre une personne en difficulté met en danger sa vie et celle de sa famille. Jusqu’à un autodafé où, poussée par la ferveur populaire, Liesel elle-même brûle sans hésiter l’un de ses précieux livres.
{{© Twentieth Century Fox France}}
© 20th Century Fox
C’est au moment de montrer la résistance allemande que le jeu des acteurs prend son envol. Geoffrey Rush est remarquable en père adoptif aimant et attentif qui ne sait pas quoi faire de sa tendresse et de son honnêteté dans un pays qu’il ne reconnaît plus. Face à lui, Emily Watson distille une étonnante froideur, qui se comprend lorsqu’on constate que sa dureté éloigne tout soupçon de sa famille. Quant à Sophie Nélisse, elle habite littéralement le rôle de Liesel, qui tente de comprendre le monde qui l’entoure et tous les changements que l’Allemagne hitlérienne entraîne dans son existence. C’est pour échapper à ses souffrances qu’elle se plonge dans un monde imaginaire, aidée par les livres et par Max qui, pour lutter contre son isolement et son ennui, lui réclame des histoires et le récit de la vie quotidienne à l’extérieur de la cave où il est contraint de se cacher pendant plusieurs années.
{{© 20th Century Fox}}
© 20th Century Fox
Mais son personnage est au cœur d’une intrigue inachevée, comme plusieurs autres dans le film. Il est frustrant de ne pas savoir ce que Max devient exactement, tout comme il est étonnant de ne pas comprendre l’intérêt de montrer un camarade de classe qui menace Liesel, une femme qui l’accueille chez elle pour lire…
Ces personnages semblent aider à combler les vides d’un film trop long. C’est le cas également pour le narrateur qui, dans le livre, était le témoin privilégié de toutes les aventures de Liesel. Dans le film, La Mort, qui raconte l’histoire, n’apparaît que très peu, lorsqu’il est nécessaire d’avancer dans le temps.
Ce n’est hélas pas la seule incohérence du film. Alors que l’action se déroule au cœur de l’Allemagne en pleine Seconde Guerre mondiale, certains personnages parlent anglais (souvent les « gentils ») et d’autres allemand (toujours les « méchants »). Loin de servir l’intrigue, cette absence de choix clair crée la confusion, alors même que le film pâtit d’un sérieux manque d’émotion, qui se ressent aux moments les plus cruciaux.
{{© 20th Century Fox}}
© 20th Century Fox
La morale de l’histoire, évoquée de façon explicite, devient ainsi un peu difficile à assimiler tant les questions du bien, du mal et de la paix de l’âme sont redondantes dans le film. Si vous faites le bien autour de vous, votre âme sera légère comme une plume. Dans le cas contraire, votre mort ne sera pas forcément douce. Certes, mais cette façon très manichéenne de voir les choses renforce la longueur du film et l’idée que Liesel, loin d’être une actrice de sa propre vie, ne fait pendant longtemps que la subir.
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vanhzexen 9 février 2014
La voleuse de livres – la critique du film
Conforme à sa bande-annonce et son matériel promotionnel, "La Voleuse de Livres" est un très beau film, émouvant, humain et sensible.
Jamais celui-ci ne cherche à tourner dans le glauque, ne tombe dans le voyeurisme ou le malsain.
Et c’est pourtant la Mort elle-même qui se porte garante de l’histoire par une narration tout aussi bienveillante que le spectacle.
Les acteurs sont magnifiques et en particulier Sophie Nélisse qui mériterait d’avoir une jolie carrière. Son jeu est impeccable et sa présence dégage une douceur qui irradie littéralement l’écran.
Pour vivre de l’émotion et faire vibrer son âme, "La Voleuse de Livres" est une réussite.