Le 7 mars 2024
La relation sensible entre une mère difficilement gérable et un fils qui voulait juste vivre sa vie.
- Réalisateur : Julien Carpentier
- Acteurs : Agnès Jaoui, Serge Feuillard, Alison Wheeler, William Lebghil, Maxence Tual, Salif Cissé, Noémie Zeitoun
- Genre : Comédie dramatique, Road movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : KMBO
- Durée : 1h45mn
- Date télé : 16 novembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 6 mars 2024
- Festival : Festival d’Angoulême 2023, Festival 2 cinéma Valenciennes 2023, Les Arcs Film Festival 2023, Poitiers Film Festival 2023
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Résumé : Pierre, trente-trois ans, fleuriste à succès, voit sa vie basculer lorsque sa mère, Judith, fantasque et excessive, débarque dans sa vie après deux ans sans se voir. Pierre n’a qu’une idée, reprendre le cours normal de sa vie, mais rien ne se passe comme prévu. Leurs retrouvailles, aussi inattendues qu’explosives, vont transformer Pierre et Judith à jamais.
Critique : En toute logique, ce sont les parents qui prennent soin des enfants. Pourtant, il arrive que la vie rebatte les cartes et inverse les rôles, sans que le grand âge soit mis en cause. C’est ainsi que Pierre, appelé à la rescousse par sa grand-mère trop âgée pour prendre en charge sa fille bipolaire, comprend que désormais il va devoir organiser son emploi du temps en fonction des sautes d’humeur incontrôlables de sa mère. Si aujourd’hui, ceux qui souffrent de troubles du comportement ne sont plus automatiquement qualifiés de fous, arbitrairement internés et soumis aux électrochocs et à la camisole de force, le traitement des maladies mentales reste tabou et les conséquences familiales ignorées. C’est pourtant ce sujet casse-cou que Julien Carpentier choisit d’explorer pour son premier long-métrage, suivant le conseil d’un auteur qui lui suggère de n’écrire que sur ce qu’il connaît bien. Fort de son histoire familiale, il prend dix ans pour observer la souffrance, la honte mais aussi la débrouillardise, l’inventivité et convaincre Agnès Jaoui de l’accompagner dans cette aventure. Une maturation bénéfique qui lui permet de trouver le juste équilibre entre lucidité et tendresse, situations gaguesques et moments de gravité.
- Copyright Raphaël Dautigny - Silex Films
Car si la pathologie est pesante tant pour celle qui la subit que pour l’entourage, elle est génératrice de circonstances outrées que le réalisateur se plaît à teinter de légèreté, évitant au récit de s’enliser dans une version dramatique. Bien loin de toute approche médicale ne sont décrits que les rapports viscéraux entre cette mère et son fils, tous les deux emportés dans un tourbillon de sentiments qui les dépasse. Ainsi se tisse avec tact la trame d’une œuvre d’une infinie humanité, à laquelle le tandem Jaoui/Lebghil apporte une contribution plus que convaincante.
Grâce à son impétuosité naturelle et son sens de la précision, Agnès Jaoui se glisse à la juste mesure dans ce rôle qui semble n’avoir été taillé que pour elle, tant elle trouve la capacité à ne jamais se perdre dans une dérive misérabiliste ou vulgaire. Face à elle, loin des personnages désinvoltes auxquels il est souvent abonné, William Lebghil gagne en maturité. Il est désormais celui qui montre l’exemple et prend en charge. Tout d’abord peu satisfait d’être coincé dans cette tâche qu’il n’a pas choisie, il choisit finalement de faire contre mauvaise fortune bon gré et opte pour l’option bonne humeur, puisque la bourrasque émotionnelle qu’est sa mère ne lui laisse aucun autre choix. En découlent de nombreux rebondissements d’une étonnante vivacité, mâtinés d’une tendresse d’autant plus chaleureuse qu’au cœur d’une mise en scène ample et aérée, une lumière aux tons dégradés, entre ocre et bleu, laisse filtrer l’espoir d’un nouveau départ.
- Copyright Silex Films
Si le couple mère/fils mène le jeu, il serait injuste de ne pas mentionner la présence de Salif Cissé, le géant au cœur d’or qui, avec une attention toute maternelle, choie les fleurs que son patron et néanmoins ami a dû abandonner un temps, et celle de la réconfortante Alison Wheeler. Tous deux rehaussent d’une note discrète l’humanité de cette histoire de transmission sous toutes ses formes. S’emparer d’un sujet grave tout en esquivant misérabilisme ou voyeurisme tient du jeu d’équilibriste. En parsemant de rires, de solidarité, d’entraide mais aussi d’amour et de résilience la maladie mentale pour la dédiaboliser, Julien Carpentier réussit parfaitement l’exercice.
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