Plympton en mode thriller
Le 5 avril 2017
En collaboration avec Jim Lujan, le vétéran de l’animation Bill Plympton nous amène sur les routes californiennes pour un huitième long métrage survitaminé mêlant courses poursuites, règlements de compte et personnages hauts en couleur. Une plongée dans l’americana délirante, foisonnante, caustique et bien rock’n’roll.
- Réalisateurs : Bill Plympton - Jim Lujan
- Genre : Animation
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h11min
- Titre original : Revengeance
- Date de sortie : 5 avril 2017
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Résumé : Deathface, un ancien catcheur et motard devenu sénateur, embauche le chasseur de primes Rod Rosse pour retrouver l’adolescente qui lui a dérobé une marchandise qui pourrait mettre en péril sa carrière. Les loups sont lâchés sur les routes de Californie pour empocher le pactole.
(C) ED Distribution
Notre avis : C’est au festival Comic-Con de San Diego que Bill Plympton rencontre Jim Lujan pour la première fois. Ce dernier se dirige à sa table et lui donne tout une tas de DVDs regroupant ses travaux d’animation pour Internet. Il faudra trois ans à Plympton avant de trouver le temps d’y jeter un œil. Immédiatement, il est séduit par ces personnages, ces voix, et demande à Jim de lui écrire un scénario. En deux ou trois mois, le texte est pondu avec un nombre conséquent de dialogues. Catcheurs, camés, bikers, travestis et illuminés prennent alors vie sur le papier et Plympton se charge ensuite de les animer. Pas simple d’ailleurs pour lui qui n’est pas habitué à travailler avec autant de dialogues. Pourtant, la rencontre fonctionne bel et bien, et les bas-fonds californiens deviennent le décor d’une satire politique mordante dans La Vengeresse, peut-être un des films le plus accessible de Plympton de par sa structure à mi chemin entre thriller et road movie. L’autre particularité du projet est qu’il a été financé en grande partie par KickStarter, quelques bénéficiaires individuels et Plympton lui même, agissant toujours et depuis bientôt quarante ans dans une totale indépendance.
Ayant toujours joué sur les clichés américains, cette fois-ci le New Yorkais Plympton et son comparse nous offrent une bonne tranche d’americana, avec motels de bord de route, boîtes de nuit pour travestis, bars de rednecks, étendues de désert sous la canicule où résident sectes surarmées et motards abrutis et même un final avec parodie de campagne électorale qui résonne incroyablement juste avec l’actualité. Après Les Amants électriques, Plympton en revient à un style mal élevé, lorgnant volontiers du côté d’un folklore grotesque, parfois carrément scatologique. Les séquences mémorables s’enchaînent, mais l’aspect halluciné et onirique des dessins ne s’est pas estompé. Les cactus font des doigt d’honneur. Les bras s’allongent indéfiniment. Les yeux sortent des orbites. Les torses sont disproportionnés par rapport aux jambes. Les matous se révèlent plus gros que les personnages. Les perspectives sont étranges, irréelles. Certains meubles sont tout tordus comme dans un vieux film expressionniste. Les traits de visage tremblent. Et c’est cette dimension "tripée" de La Vengeresse qui en fait bien plus qu’une simple histoire de vengeance tournée sur l’action ou un film typé country noir.
Plympton jette encore une fois un regard amusé sur son propre pays à grand renfort de caricatures - et certains accents sont délectables, assurés en grande partie par Lujan lui même - mais n’en oublie jamais la poésie d’une forme d’animation brute et décomplexée. De l’ancien catcheur devenu politicien populiste à la vieille mère de Rob Rosse à qui il faut pas la faire, en passant par l’employé de station-service danseur de moonwalk que tout le monde aime tabasser et l’ex go go danseuse Miss Candy, les personnages se multiplient pour notre plus grand plaisir. L’histoire de règlement de compte finit par être secondaire, même si le final vaut largement le détour.
La Vengeresse, de par la collaboration avec Lujan, ouvre de nouvelles perspectives quant au cinéma de Plympton, trouve une nouvelle énergie. Ce n’est peut-être pas du niveau de Hair High mais c’est un très bon cru quand même. Divertissement délirant garanti.
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