Le 26 septembre 2021
Le portrait d’un jeune militaire, engagé dans l’opération Sentinelle. Plutôt cousu de fil blanc. Un film trop balisé.
- Réalisateur : Giovanni Aloi
- Acteurs : Leïla Bekhti, Arthur Verret, Karim Leklou, Anthony Bajon, Raphaël Quenard
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Capricci Films
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 6 septembre 2022 23:53
- Chaîne : Canal+
- Date de sortie : 8 septembre 2021
- Festival : Festival de Reims 2021
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Résumé : Léo vient juste de terminer ses classes à l’armée et pour sa première affectation, il écope d’une mission Sentinelle. Le voilà arpentant les rues de la capitale, sans rien à faire sinon rester à l’affût d’une éventuelle menace…
Critique : On rêve au grand film abstrait qu’aurait pu être La Troisième guerre, si la réalisation avait eu l’idée de mettre en images une sorte de Désert des Tartares, fondé sur une attente perpétuelle. Plus encore : on songe au personnage totalement hermétique qu’aurait été Léo, sans passé, ni avenir apparent, saisi par la seule focalisation externe, sans cesse guidé par l’agencement des événements, au gré de ses déambulations attentives et même paranoïaques. Parfois, le long métrage parvient à capter son protagoniste silencieux, affecté à sa mission de surveillance, où tout indice s’avère potentiellement interprétable. L’histoire débute d’ailleurs par la présence d’un sac suspect, bientôt repris. Un individu non identifié disparaît ensuite dans la foule.
Mais comme il s’agit de percer le personnage à jour, de comprendre ses motivations, dans une tradition psychologisante, le scénario lui construit un entourage pour envisager des interactions où le héros se racontera, livrera les clefs d’une vocation. Quand on en sera là, le film sera déjà sur des rails, et l’on aura caractérisé à gros traits des personnages qui forment l’environnement de Léo, ce jeune soldat si conforme à sa mission. Autour, graviteront des figures rigides, autoritaires ou vulgaires (le soldat amateur de blagues scatos), auxquelles les scènes cinématographiques de caserne nous ont tant habitués, avec des conflits virilistes qui tournent en bastons spectaculairement mis en scène.
Et puis, le protagoniste doit avoir aussi une famille : en l’occurrence, des pauvres à qui il prodigue une leçon de vie, puisque c’est ce qu’il est venu chercher en faisant l’armée. De moins en moins avare en commentaires, le film finit par déléguer son message à un héros devenu à la fois une voix off et le relais d’une pensée plus globale, éprise de rationalité, pourvoyeuse de phrases en formes d’aphorismes creux. La conclusion à haute dose émotionnelle semble le but vers lequel l’histoire cheminait depuis son début.
On mesure l’écart qui existe entre la prolixité d’un tel cinéma et le silence beaucoup plus opaque, inconfortable que ménagent les frères Dardenne dans Le jeune Ahmed.
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