Séance de rattrapage
Le 12 novembre 2012
Caché à une bonne partie de la presse, totalement ignoré par le public qui ne savait même pas que le film existait, La traversée affichait des ambitions ténébreuses à contre-courant du cinéma français habituel. Méritait-il pour autant son triste sort ?


- Réalisateur : Jérôme Cornuau
- Acteurs : Émilie Dequenne, Michaël Youn, Fanny Valette
- Genre : Thriller
- Nationalité : Français
- Durée : 1h38mn
- Titre original : La traversée
- Date de sortie : 31 octobre 2012

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Résumé :
Un thriller insulaire français qui ne tient pas toutes ses promesses.
L’argument : Lola Arendt, une petite fille de 8 ans, disparaît dans une Ile d’Ecosse. Ses parents, Martin et Sarah, brisés, ne résistent pas au drame et se séparent. Deux années plus tard, Lola est retrouvée à l’endroit exact où elle avait disparu. Elle est vivante, apparemment en bonne santé, mais reste plongée dans un étrange mutisme.
Martin retourne seul sur l’île pour la chercher et la ramener : Au bonheur des retrouvailles succèdent les interrogations et la peur : Où était Lola ? Que lui est-il arrivé ? Pourquoi ne parle-t-elle pas ?
Pourquoi Sarah semble lui avoir caché des informations quant à cette réapparition soudaine ? Quel est ce secret qui plane autour de Lola ?
Réalité ou paranoïa, Martin se sent épié, tout lui paraît suspect. La traversée de cette île du bout du monde, dans un paysage sauvage, étrange et menaçant, les mènera inexorablement vers la plus insoutenable des découvertes…
Notre avis : Un vent léger effleure les hautes herbes d’une petite île écossaise. Un ciel gris et une brume opaque viennent emprisonner l’esprit du spectateur au milieu d’une intrigue déroutante. Et hop le décor du film est planté. Élaboré avec une photographie saisissante et une mise en scène efficace, La traversée nous emporte dans une fable mystérieuse. Jérôme Cornuau nous livre ici un film français qui tente de se démarquer dans le ton du tout-venant de la production locale pour flirter avec la sensibilité britannique d’un Wicker Man. Le frisson n’est peut-être pas au rendez-vous mais l’ambiance oppressante laisse planer un climat de doute qui n’est pas déplaisant.
Cornuau nous tient par la main et insiste pour que le spectateur s’identifie au personnage principal, Martin, joliment interprété par un Michaël Youn, à la transformation réussie. On s’engouffre donc dans la tête de son personnage qui essaye d’avancer dans un monde où il ne peut faire confiance à personne alors qu’il vient de retrouver, deux ans après sa disparition, sa fillette d’une dizaine d’années, plongée dans un inquiétant mutisme. Pourquoi a-t-elle disparue ? Que lui est-il arrivée pendant deux ans ? Plus on avance dans l’intrigue plus le protagoniste se perd dans les sentiers de la paranoïa. Toutefois, là où l’on attend des surprises pour alimenter la tension, Cornuau ne trouve pas le bon rythme, un peu mou il est vrai, et déçoit les attentes. Le dénouement y perd donc en qualité, malgré une tentative de twist louable.
Le pari était risqué pour le réalisateur Jérôme Cornuau qui revient de très loin (Bouge !, Folle d’elle et Les Brigades du tigre, quand même !) et pour le comédien Michaël Youn en total contre-emploi, ; ils parviennent partiellement à rendre une histoire délirante crédible ce qui n’était pas une mince affaire. Malgré la faiblesse de l’histoire, Cornuau évite les fiascos précédents, il a su allier de beaux décors au service d’une mise en scène aboutie, et s’est appliqué dans sa direction des acteurs. Le résultat est un peu inégal mais relativement plaisant. A découvrir éventuellement par temps de disette.