La tourneuse de pages - la critique

Une fiction sur le thème de la vengeance, trop artificielle pour être vraiment efficace.

L’argument : Mélanie, dix ans, s’apprête à passer le concours d’entrée au Conservatoire. La désinvolture affichée de la célèbre concertiste Ariane Fouchécourt, membre de son jury, durant sa prestation mettra un terme à sa passion naissante. Dix ans plus tard, elle retrouve celle qui a tué dans l’œuf sa vocation de pianiste.

Notre avis : Dès les premières images de la La tourneuse de pages, Denis Dercourt s’emploie déjà, avec force détails, à nous faire comprendre que la petite Mélanie Prouvost est bien du genre à avoir la rancune tenace. Le plat qu’elle s’apprête à servir à Ariane Fouchécourt, dont elle est devenue la précieuse tourneuse de pages, est pour le moins très inattendu. Et c’est là le principal intérêt de cette histoire. Une Catherine Frot, très convaincante en pianiste quelque peu sur le déclin, rongée par le stress, et un scénario assez original sur la vengeance, un sujet maintes fois traité au cinéma, auraient pu faire de La tourneuse de pages un bon film.
Mais Dercourt, dans le souci de ne rien laisser au hasard dans l’attitude des personnages, confère une rigidité à ses acteurs qui finit par affadir le suspense psychologique, les enjeux du drame étant suffisamment évidents pour ne pas avoir besoin d’être soulignés outre mesure. Comme souvent, l’excès a nui. Le défaut est d’autant plus perceptible que l’intrigue ne présente que très peu de surprises. Ces dernières ont d’ailleurs le mérite de remplir leur office : relancer l’intérêt d’un film dont les premières minutes laissent douter de la qualité du spectacle à venir. A raison, car l’œuvre parfaitement calibrée et subtile qu’a essayé de produire le réalisateur français n’est au final qu’une tiède histoire de vengeance.