Entre ciel et terre
Le 2 juin 2008
Une esthétique irréprochable au service d’un récit sans surprises. Frustration, la fascination ne prend pas.
- Réalisateur : Vimukthi Jayasundara
- Acteurs : Mahndra Perera, Kaushalya Fernando, Nilupili Jayawardena
- Nationalité : Français, Sri-lankais
- Festival : Festival de Cannes 2005
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– Durée : 1h48mn
– Titre original : Sulanga enu pinisa
– Le site du film
Une esthétique irréprochable au service d’un récit sans surprises. Frustration, la fascination ne prend pas.
L’argument : Sur une terre entre guerre et paix, dans une atmosphère étrange et incertaine, des corps s’attirent, la culpabilité ronge les assassins, des soldats s’abrutissent en manœuvres ineptes, les légendes resurgissent. Seule l’enfance est innocence en cette terre abandonnée des dieux.
Notre avis : La terre abandonnée fait partie de ces films particulièrement sensibles à critiquer, car faisant appel à la subjectivité (ou plutôt, à la capacité d’abstraction) du spectateur. En parler est d’autant plus délicat que nous n’avons pas été, malgré ses évidentes qualités, entièrement convaincus.
La terre abandonnée, c’est le Sri Lanka. Pays à la situation politique instable : entre deux guerres, même en temps de paix. Alors, faute de mieux, on attend. C’est dans cet environnement figé que se débattent une petite poignée d’individus, habitants d’un nulle part où le seul vecteur de changement semble être l’intrusion temporaire d’engins mécaniques (bus, camions de l’armée, tanks), mettant en évidence l’absurdité de la machinerie militaire. Temps scellé, donc. On pense au Tarkovski du Sacrifice, celui des horizons infinis. D’autant plus que le réalisateur se livre à un vrai travail de plasticien, dans sa manière d’inscrire les corps dans l’espace. Baignant dans une lumière d’une douceur irréelle, il n’y a pas un plan qui ne soit sublime, parfaitement pensé et exécuté. Les amateurs d’Apichatpong Weerasethakul et de Lisandro Alonso seront particulièrement sensibles à cette esthétique contemporaine. En tant que trip contemplatif, La terre abandonnée s’en tire donc très bien et mérite amplement la Caméra d’or récoltée a Cannes (on ne s’étonnera pas d’apprendre qu’Abbas Kiarostami était président du jury).
Pourtant, l’enchantement n’opère qu’à moitié. Peut-être l’impression que le film a peu à raconter, sinon la sempiternelle rengaine sur la bestialité enfouie, le retour à un état originel. Le tout étant, comme il se doit, saupoudré de quelques plans de sexe soft (rien de bien méchant, qu’on se rassure). Le cahier des charges du film d’auteur mentalo-mystique est rempli avec un peu trop d’application, sans jamais atteindre à la radicalité revigorante d’un Reygadas. On signalera tout de même la réelle capacité du cinéaste à mettre en scène un hors-temps narratif où tout semble être un éternel recommencement.
Une semi-déception, donc. Si quelques jours après la projection, on se rappelle à peine l’intrigue du film, on n’est pas près d’oublier la beauté des paysages, suspendus entre ciel et terre. Une expérience cinématographique sans magie, mais avec une mécanique suffisamment racée pour satisfaire les plus exigeants.
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