Le 23 novembre 2017
Un chef-d’œuvre du burlesque, sans temps morts, hilarant et subversif.
- Réalisateur : Leo McCarey
- Acteurs : Les Marx Brothers, Margaret Dumont, Raquel Torres
- Genre : Comédie, Comédie musicale, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : ESC Éditions
- Durée : 1h10mn
- Titre original : Duck Soup
- Date de sortie : 9 avril 1934
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– Ce film est compris dans le coffret ESC consacré aux Marx Brothers
Résumé : Les caisses de la Freedonie sont à leur niveau le plus bas. Une fois de plus le Conseil des ministres fait appel à la richissisme Mme Teasdale qui accepte à une condition : que le gouvernement se dote d’un nouveau chef, Rufus T. Firefly. En Sylvanie, pays voisin qui convoite la Freedonie, la nouvelle est accueillie avec mauvaise humeur. Trentino, ambassadeur en Freedonie, courtise Mme Teasdale mais celle-ci est entichée de Firefly. Trentino engage deux espions, Pinky qui est le chauffeur de Firefly et Chicolini, et leur assigne pour mission de discréditer son rival.
Notre avis : Voici le fleuron des films interprétés par les Marx, le plus iconoclaste, le plus délirant, mais aussi le plus drôle. Sans doute bénéficie-t-il de l’absence de roucoulades et de jeunes premiers qui entachaient quelques-unes de leurs œuvres précédentes ; de même sa brièveté concentre-t-elle l’action en peu de séquences, mais toutes sont des pépites, multipliant les audaces et les formes d’humour. On passera ainsi du jeu de mots (qui pose souvent des problèmes de traduction) au gag surréaliste, en passant par des moments burlesques du meilleur effet. Évidemment, c’est totalement irracontable : deux pays d’opérette, Groucho en chef d’État, une guerre, de vagues intrigues et trahisons… L’essentiel n’est pas là, pas plus que dans des numéros musicaux raréfiés et souvent amusants. Car La soupe au canard est d’abord une somme virevoltante, sorte de bréviaire des Marx pour leurs amoureux. On y trouvera des gags célèbres comme le miroir cassé remplacé par un sosie (gag déjà utilisé par Max Linder dans 7 ans de malheur), mais c’est l’ensemble qu’il faudrait citer : comment Harpo rend fou un marchand de limonade, un chien qui sort d’un tatouage, un homme sandwich sur un champ de bataille, un cheval dans un lit, etc. De cet inventaire foutraque naît une démolition en bonne et due forme, puisque les frères ne respectent rien : ils s’attaquent ici aux institutions, la justice, l’État, mais encore la politique , l’honneur et les sentiments ; jamais sans doute ils ne seront allés aussi loin dans leur jeu de massacre, particulièrement jouissif.
Oublions Zeppo, pâle bellâtre, pour se concentrer sur les trois autres : Chico fait son numéro de benêt avec conviction, Groucho l’intarissable utilise comme de juste Margaret Dumont en souffre-douleur inépuisable, mais c’est surtout Harpo qui révèle ici son potentiel comique ; qu’il conduise un side-car dont une seule partie roule ou qu’il batte des pieds dans un réservoir de limonade, c’est un élément de destruction (voir le nombre d’objets qu’il découpe), un grain de sable qui fait dérailler les milieux les mieux ordonnés. Le voir s’amuser des tours qu’il joue est déjà un spectacle, et des meilleurs. Mais au fond c’est lui l’anarchiste, qui ne respecte rien, traite par la dérision les moments les plus graves. Lui qui dénonce implicitement l’absurde du monde et s’en moque avec gourmandise.
En quelque sorte, La soupe au canard est le plus pur des Marx, le moins gâté par des temps morts ou des intrigues secondaires. Peut-être faut-il y voir la patte de Leo McCarey, le plus fin de leurs réalisateurs, qui canalise comme il peut leur folie, mais s’il instaure le cadre, et des plus rigoureux, il a la sagesse de ne pas brider leurs délires. Autrement dit, ce film est un des plus grands métrages comiques, à l’égal des meilleurs Chaplin ou Keaton. Les amateurs des Marx le savent déjà et se rueront sur le DVD ou le Blu-ray ; les autres, et on les envierait presque, découvriront ce chef-d’œuvre intemporel avec délectation.
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