La sémantique c’est élastique - La chronique BD

James, dans La Revue Dessinée, tient une chronique qui voulait montrer avec humour et culture les évolutions du vocabulaire, les petites erreurs de l’orthographe et les bêtises de l’Histoire. Avec ce recueil, c’est toute une entreprise qui est enfin mise en valeur : celle qui consiste à décortiquer avec auto-dérision les tracas d’une société, où les jeunes parlent mal et les vieux comme sous l’Ancien Régime, tout en apportant des petits points polémiques toujours intéressants. Les croyants musulmans et juifs mangent la même chose, en cela ils sont plus proches que beaucoup de peuples européens par exemple, l’aseptisation du féminin correspond à la volonté d’une époque, le mot orthographe lui-même est une erreur (on devrait dire orthographie)... Autant de petites raisons de dire et d’écrire qui sont à la fois futiles et extrêmement intéressantes.

James / Delcourt

Pour illustrer son propos, l’auteur a recours à un bonhomme doté d’un embonpoint rassurant, où un trait sert de nez, un autre de sourcils/yeux, comme si un gros pingouin venait faire la leçon d’une manière neutre. Pourtant, ces petits traits du visage parviennent à exprimer beaucoup, et derrière une casquette ou une perruque on devine facilement les autres personnages, qu’il soit un quidam ou une figure historique convoqués dans une case ou toute une planche. Ce style épuré joue en faveur du propos, qui apparaît ainsi dans son évidence, et permet de comprendre le but et le style de James.

James / Delcourt

Bien amené et toujours drôle, La sémantique selon James est plus accessible que celle de Roland Barthes et l’on ne sen plaindra pas, tant il assouplit des notions, des écueils et des inventions du langage avec une ferveur plasticienne.