Le 21 mai 2024
Alors qu’il avait tout pour être l’épisode de trop, Le nouveau royaume séduit à grand renfort de savoir-faire technique et de richesse thématique.
- Réalisateur : Wes Ball
- Acteurs : William H. Macy, Kevin Durand, Owen Teague , Freya Allan, Peter Macon, Lydia Peckham, Travis Jeffery
- Genre : Science-fiction, Aventures, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h25mn
- Date de sortie : 8 mai 2024
- Voir le dossier : La série de la "Planète des singes"
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Résumé : Noa voit son village détruit par un clan rival, et alors qu’il se promet de sortir les siens de leur nouvelle condition d’esclave, il fait équipe avec une jeune humaine qui cache un lourd secret.
Critique : Six ans après la clôture d’une trilogie qui aura largement tiré son épingle du jeu au cours de la décennie précédente, dans laquelle les grosses productions hollywoodiennes ont semblé atteindre une forme d’essoufflement, Le nouveau royaume ressemble à la mauvaise idée par excellence : un gros studio récemment racheté par Disney, peu connu pour prendre soin de ses joyaux artistiques, ranime une franchise largement abordée au cinéma, en s’attachant les services d’un faiseur de talent, mais qui n’aura jamais fait preuve d’identité propre. Et pourtant, même sans niveler ce Nouveau royaume par le bas, voilà que ce dernier livre une superproduction de qualité, honnête envers son spectateur, prometteur pour la suite tout en clôturant un récit bien ficelé.
- © 2024 20th Century Studios. All Rights Reserved.
Si la cohérence esthétique et la vraisemblance visuelle sont des prérequis, notons tout de même que les effets spéciaux sidèrent une fois de plus, au sein d’une direction artistique impeccable, dont le seul tort est de ne rien proposer de très original dans ses décors et ses ambiances. Wes Ball concentre ses efforts sur la manufacture plus que l’inventivité, limitant ainsi les risques, mais proposant une jouissive excellence technique. Du côté de la mise en scène, il ne se contente jamais du plus facile. Le réalisateur du Labyrinthe s’appuie sur l’héritage de la trilogie pour faire mieux qu’assurer l’essentiel : la plupart des scènes d’action fonctionnent à plein jusqu’à forcer l’admiration, et lorsque la quiétude revient, il compose le plus souvent ses cadres avec habileté, filmant tout aussi bien les décors avec inspiration que les mouvements avec fluidité. Les environnements s’en trouvent joliment mis en valeur, et les montées de suspense ont de quoi provoquer quelques trépignements.
Du haut de ses deux heures et demie, Le nouveau royaume se permet un rythme relativement calme, et n’ajoute jamais son nom à la longue liste des blockbusters qui étirent leur récit sans fondement. Ici, l’atmosphère prime, le film préférant absorber son spectateur plutôt que l’exciter avec une myriade d’artifices, et quelques saillies de violence ponctuent ce road trip qui lorgne vers le post-apocalyptique. Sans trop creuser la surface ni faire preuve d’une dangereuse subtilité, le film parvient alors à dresser des enjeux à la hauteur des précédents volets, tout en intégrant leur héritage.
Ainsi, les clans simiesques, tous héritiers de César, qui mena les singes à leur libération et symbole de tolérance envers les humains, n’ont pas tous digéré ses enseignements de la même manière. S’il peut paraître incohérent que les clans de singes, après tant de générations, usent toujours de la même langue entre eux, a fortiori du même anglais que nous, ce qui est bien pratique, il est relativement malin de faire de César un objet de discorde. Comme la deuxième partie de Dune en début d’année, le film montre les dérives potentielles du messianisme, et comment la religion, falsifiée, peut engendrer la servitude.
Quant à l’ensemble du savoir humain, enfoui dans un bunker et au centre des convoitises simiesques, il pourrait conduire les singes à un carrefour de civilisation. L’enjeu de sa découverte confère à l’humaine du récit, vers laquelle notre compassion devrait volontiers se porter, un rôle assez complexe, entre survie de notre espèce et écrasement des autres.
- © 2024 20th Century Studios. All Rights Reserved.
En revanche, quelques choix peinent à convaincre et condamnent ce Nouveau royaume à demeurer parmi les bons crus, sans prétendre à peupler nos mémoires trop longtemps. Alors que l’originalité fait quelque peu défaut, notons que Noa, le personnage principal, se trouve être trop proche du César de la trilogie, aussi bien dans les valeurs qu’il finit par porter, que visuellement, comme si les exécutifs avaient craint de dérouter le public. De plus, quelques faits de scénario relèvent du coup de chance : c’est notamment une aubaine que Noa rencontre le dernier représentant du courant idéologique porté par César, à moins de croire dans le destin plus que dans la paresse qui gagne un scénariste devant faire progresser son récit. Enfin, Freya Allan, représentant ici les espoirs humains, peine à dégager du naturel, et, encore un coup de chance pour le studio, semble tout droit sortie de notre siècle, correspondant parfaitement à ses canons de beauté, et ne présentant aucune évolution par rapport à nous, par exemple dans le langage, ce qui semble hasardeux d’un point de vue évolutif.
Ce royaume n’a donc pas grand-chose de nouveau, mais surplombe aisément les autres blockbusters, et ne demande qu’à sortir de ses rails pour devenir grand, dans une suite qu’on est en droit d’attendre de pied ferme.
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