Le 8 mars 2018


- Scénariste : ZIDROU>
- Dessinateur : Benoît Springer
- Genre : Fantastique, Thriller
- Editeur : Dupuis
- Date de sortie : 2 février 2018
Un conte sombre, entre ironie et tremblements.
Résumé : L’histoire commence avec Josep, éleveur d’autruche, qui fend la tête de sa femme à coup de pelle, et balance son corps dans un puits. Un travail difficile, qui se termine avec un retour à la maison avec le sentiment du devoir accompli... mais pour y retrouver son épouse l’attendant, souriante. Un thriller court et cauchemardesque s’engage.
Sorte de Thérèse Raquin en format bande dessinée, La petite souriante veut raconter une histoire sordide avec un petit côté fantastique, qui s’oublie pourtant très vite. En effet, les résurrections de la victime (la mère) sont masquées par les différents meurtres horribles commis par la fille et le beau-père. Le duo n’échange pas beaucoup, les dialogues sont brutaux, rapides, secs comme la terre. En effet, peu de morale finale, mais plutôt une lente arrivée de la folie, par secousses, pour les différents protagonistes. Si l’épouse, de par son caractère insupportable, semble mériter son sort, les deux autres personnages n’ont pas de charisme, pas de qualités, et méritent donc également ce qui va se passer. Ah, la morale est donc finalement bien là, et du coup on tombe bien dans l’univers du conte : un peu crade, un peu dérangeant, un conte bien à l’ancienne en fin de compte.
© Dupuis
La haine anime chaque planche, quand il y a a une dispute entre femmes ou une étreinte sexuelle entre les amants, elle transpire dans les regards et les décors. Même les autruches prennent une teinte inquiétante, leur contraste de noir et de blanc devenant un avatar de la mort, leur présence a des airs de faucheuses, juges muets mais implacables. Le format, volontairement tassé, faussement abîmé, avec sa couverture mortifère et ses couleurs froides à l’intérieur, n’engage pas le lecteur, mais créé en revanche une ambiance particulière. Elle peut se décrire dans un mélange de rancœur et haut-le-cœur, qui se confondent ainsi sur les visages, qui apparaissent comme des masques déformés, caricaturaux mais angoissants. Une belle performance graphique, assez inédite pour une bande dessinée.
© Dupuis
Petite chanson lancinante, voire écœurante, La Petite souriante se glisse et s’infiltre dans l’esprit du lecteur comme une obsession, une folie incessante. Le thème, et le choix de la représentation, font de cet album un objet difficile à cerner, mais facile à apprécier.
72 pages- 14,50€