La passion Van Gogh - la critique du film

Critique : Aucun artiste n’a suscité autant de fantasmes que Vincent Van Gogh. Qualifié tour à tour de martyre, de satyre lubrique, de fou, de génie, de paresseux, le véritable Vincent se dévoile dans ses courriers. Il l’écrit lui-même dans sa dernière lettre « On ne peut s’exprimer que par nos tableaux ». Voilà pour Dorotea Kobiela, diplômée de l’académie des Beaux-Arts et férue de peinture en plus d’être une spécialiste de court-métrages d’animation, l’occasion de raconter l’histoire de Van Gogh à travers ses toiles. Son sixième court d’animation Loving Vincent réunit donc sa passion pour la peinture et le cinéma. Tombé amoureux de la femme et de son art, Hugh Welchman, qui deviendra son mari, la convainc d’en faire un long-métrage dont il est à la fois co-scénariste, co-réalisateur et producteur. D’abord tournée comme un film en prises réelles avec des acteurs en chair et en os (parfait pour laisser libre cours aux émotions suggérées par les peintures du jeune artiste hollandais), La passion Van Gogh est une huile constituée de 62 450 plans peints à la main par 90 artistes venus d’Europe et même du monde entier. Le résultat est un subtil mélange entre le jeu des comédiens et le travail des peintres animateurs. Grâce à ce type de reconstitution jusqu’alors inexplorée, l’œuvre de Van Gogh reprend vie sous nos yeux en restituant son incomparable coup de pinceau.

Copyright la Belle Company

Le film, déroulé à la manière d’un gigantesque tableau, se consacre essentiellement aux derniers mois de la vie de Vincent Van Gogh. Il démarre quelques mois après sa mort et a pour fil rouge le jeune Armand (à qui Pierre Niney prête sa voix dans la version française) qui ne se sent pas très concerné par la mission que lui a confié son père. Ce Vincent Van Gogh ne l’intéresse guère. Pourtant, subjugué peu à peu par la complexité de l’homme, ce jeune homme inconsistant et arrogant s’ouvre aux autres et se découvre lui-même en suivant un chemin initiatique qui le laisse plus proche des hommes et des valeurs importantes de la vie.

Copyright la Belle Company

A l’instar d’Armand, le spectateur peut être dérouté par le ton légèrement ampoulé des premières séquences. Puis finalement, le récit s’oriente vers une enquête sur la vie et la mort controversée du peintre (s’est-il suicidé ou a-t-il été assassiné ?) L’intrigue s’articule alors autour des témoignages de ceux qui ont bien connu Vincent Van Gogh (leurs souvenirs sont marqués par des flash-back en noir et blanc particulièrement suggestifs au milieu de cette myriade de couleurs), de faits historiques et des évocations plus ou moins réelles des événements qui ont conduit à sa mort. On se laisse alors conquérir par le suspense de ce polar bien mené, d’autant plus qu’il est impossible de départager le vrai du faux. Les quelques huit cent lettres écrites à ses amis et à sa famille, tout particulièrement à son frère Théo, alimentent des dialogues riches et fournis qui contribuent aisément à la vivacité des personnages et à l’harmonie de ce docu-fiction original.
Une prouesse technique et artistique qui donne, même aux moins rompus à l’art pictural, l’envie de découvrir l’œuvre et la personnalité de celui qui passe aujourd’hui pour l’un des plus grands maîtres de son temps.

Sortie DVD et Blu-ray : le 27 mars 2018

Les suppléments :
– Le making of (1H30)
– Dans les coulisses du doublage de Pierre Niney

Contenu du coffret combo prestige

– Le DVD et le BLU-RAY avec plus d’1h30 de bonus
– Le CD de la Bande-Originale de Clint Mansell
– Le livre « autour du film »
– L’affiche du film