Musique et mémoire
Le 22 novembre 2020
Ce récit d’un vieux professeur en quête de son passé permet de retrouver le savoir-faire du réalisateur serbe Goran Paskaljevic mais n’échappe à l’académisme.
- Réalisateur : Goran Paskaljević
- Acteurs : Mustafa Nadarević, Predrag Ejdus, Meto Jovanovski, Zafir Hadzimanov, Toma Jovanovic
- Genre : Drame
- Nationalité : Serbe
- Distributeur : Mica Films
- Durée : 1h30mn
- Titre original : Kad svane dan
- Date de sortie : 26 novembre 2014
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– Année de production : 2012
Résumé : Micha Brankov, un professeur de musique à la retraite, est bouleversé de découvrir ses véritables origines : ses parents juifs l’avaient confié, à l’âge de deux ans, à une famille, avant de disparaître dans un camp de la mort. Le vieux professeur retrace l’histoire de ses parents et veut faire interpréter en leur hommage “la partition inachevée” que son père avait composée.
Critique : De Goran Paskaljević, on garde le souvenir de Anges gardiens (1987), Baril de poudre (1998) et Honeymoons (2009). Le cinéaste a toujours été hanté par le thème des exclusions communautaires et du racisme. Présenté dans plusieurs festivals internationaux, nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère, La partition inachevée n’échappe pas à la règle. Loin des envolées lyriques et des scénarios très écrits de ses dernières œuvres, cet opus opte pour la simplicité et la sobriété. Le vieil enseignant musicien, interprété avec sensibilité par Mustafa Nadarević, remet en question tout le fil de son existence, après la découverte d’un secret majeur. Le cinéaste dresse le portrait d’un être profondément humain, qui a donné sa vie aux autres, notamment de par le bénévolat qu’il a assuré dans une chorale et les cours gratuits dispensés à des enfants pauvres mais doués. Le contraste avec son fils, chef d’orchestre carriériste, traduit les mutations d’une société de plus en plus individualiste et marquée par une marchandisation croissante de l’art. Mais c’est surtout le rapport à l’Histoire qui intéresse Paskaljević avec le souvenir de la déportation de juifs, occultée à ses yeux par les gouvernements successifs de l’ex-Yougoslavie et de la Serbie. Le caractère réaliste est traduit par le choix des lieux de tournage, et notamment l’ancien camp de concentration de Semlin, construit par les nazis sur un ancien terrain de foire, et aujourd’hui occupé par des réfugiés de guerre.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
« Je ne voulais pas faire un film documentaire en évoquant seulement un aspect des choses. Je voulais, à travers un film de fiction, parler également du problème de l’identité, de notre propension à oublier les leçons de l’Histoire, de notre attitude vis-à-vis des minorités, notamment des Roms aujourd’hui en Serbie », a déclaré le réalisateur. C’est pourtant l’aspect purement documentaire qui est l’élément le plus réussi, et il n’est pas étonnant que le film ait été mal reçu par une partie de la classe politique serbe, qui n’a pas accepté que le cinéaste évoque la collaboration pendant la guerre... Mais quelle que soit la sincérité du cinéaste et de son coscénariste Filip David (dont l’histoire de Micha fait écho à des souvenirs familiaux), on reste partagé à la vision de ce drame. Car Paskaljević signe au final un produit culturel assez lisse, souvent noyé par les bons sentiments, les raccourcis maladroits (le parallèle entre la Shoah et la stigmatisation des Tsiganes), et surtout un style télévisuel qui peine à susciter l’attention. Quant à l’utilisation symbolique de la musique, elle paraîtra bien mièvre, en comparaison au Pianiste de Polanski, auquel les auteurs ont sans doute pensé, et ce en dépit de la belle partition de Vlatko Stefanovski. Le dénouement, prévisible et grandiloquent, n’est pas le moindre écueil de cet académisme compassé auquel le cinéaste ne nous avait pas habitués.
- Copyright Sophie Dulac Distribution
– Festival de cinéma européen des Arcs 2012 : Prix du public
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