Natacha Apannah relate le passé d’une femme de quarante-deux ans dont la fille se marie. Avec talent, tendresse et réussite, elle évoque le temps qui passe et les enfants qui grandissent.

L’écriture de Natacha Appanah est pleine de grâce. C’est l’écriture d’une femme amoureuse des mots et des livres, d’où déborde une passion intense. Sous le prétexte du mariage de sa fille, Sonia, une écrivaine d’une quarantaine d’années, voit resurgir une flopée de souvenirs et de moments de son existence. Heureux ou malheureux, peu importe. Ces moments appartenant au passé font partie d’elle et ont contribué à construire ce qu’elle est devenue. Elle, mais aussi et surtout Anna, sa fille chérie.
Alors, bien sûr, les choix d’Anna ne correspondent pas tout à fait à ceux que sa mère aurait souhaité pour elle. L’une est plutôt chiffres, l’autre offre sa vie aux lettres. L’une se marie à vingt ans, l’autre n’a pas retenu Matthew, le père d’Anna, après plusieurs mois de passion fougueuse. Sonia a préféré le laisser partir en Afrique et ne pas lui couper les ailes. Et Sonia est restée. A Londres d’abord, à Paris ensuite, où elle a patiemment appris à grandir grâce à son enfant.
Ce roman est un petit bijou d’émotions et de pureté, touchant et tendre. Natacha Appanah met en lumière ce que l’amour maternel possède de plus obsédant. Quand ce que l’on tente de léguer se transforme en rejet, est-ce un échec pour une mère ? Faut-il tenter de modeler un enfant à son image ou bien doit-on le laisser prendre son envol et le voir s’épanouir ? Doublé d’une réflexion sur le métissage et l’intégration (Natacha Appanah est d’origine mauricienne), ce récit est une subtile réflexion sur le temps qui passe et les traces que l’on imprime dans le cœur de ses enfants. Un grand bonheur de lecture.