Le 8 septembre 2021
- Acteur : Jean-Paul Belmondo
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Trublion du Conservatoire, icône de la Nouvelle Vague autant que du divertissement populaire, Jean-Paul Belmondo aura marqué cinquante années du cinéma français. L’acteur est mort le 6 septembre à l’âge de 88 ans.
News : Jean-Paul Belmondo aura traversé cinq décennies du cinéma français, depuis son interprétation dans A bout de souffle de Jean-Luc Godard, en 1959. Sa prestation en fit un emblème de la Nouvelle Vague dont il deviendra un acteur incontournable, avant de bifurquer définitivement vers un cinéma populaire aussi juteusement commercial que décrié à partir de 1975, suite à l’échec de l’excellent Stavisky d’Alain Resnais (1974)... jusqu’au pathétique Un homme et son chien de Francis Huster (2008), rôle quasi mutique, où l’artiste, physiquement diminué depuis un accident vasculaire cérébral survenu en 2001, semblait passer le flambeau à son héritier putatif Jean Dujardin, au cours d’une scène prétexte.
On était triste, on ne voulait que les bons souvenirs. Mais les derniers beaux personnages semblaient déjà très loin.
La mort de Belmondo est celle d’une icône du cinéma français, qui connut un long succès commercial et artistique jusqu’à la fin des années 80, période à laquelle le public se détourna des duplications filmiques à la gloire de sa vedette bondissante, gouailleuse et body-buildée, qui plastronnait depuis le milieu des années 70. Le Solitaire de Jacques Deray, sorti en 1987, marquait la fin d’un cycle entamé avec le thriller de Georges Lautner, Peur sur la ville (1975), où, dans la peau du commissaire Letellier, la star multipliait les cascades, au péril de sa santé (on se souvient de la célèbre séquence de poursuite sur le toit du métro de Paris). Bébel était né, qui allait bientôt éclipser le fringant acteur des films de Truffaut, Resnais et Godard. L’inoubliable interprète de Pierrot le Fou ou Léon Morin, prêtre se satisfaisait désormais des rôles les plus rances, enchaînait pirouettes physiques et verbales les plus faciles : au personnage récurrent du Professionnel, du Guignolo, des Morfalous ou du Marginal, qui se fendait volontiers de répliques machistes et homophobes, on préfère retenir les protagonistes du Doulos (1962) ou La Sirène du Mississipi (1969), un Truffaut mal-aimé.
Bien loin des médiocrités signées Gérard Oury (l’indigent divertissement Le Cerveau (1968) ou le consternant L’As des as (1982)), le jeune trublion de la bande du Conservatoire (avec ses copains Rochefort, Marielle ou Cremer) illumina même le cinéma de papa, lorsqu’il virevoltait avec Gabin, dans Un singe en hiver d’Henri Verneuil (1962). Trois ans plus tard, il signait un autre succès commercial d’excellente facture avec L’Homme de Rio de Philippe de Broca (1964), sur les traces de Tintin, aux côtés de la lumineuse Françoise Dorléac.
Le comédien ne recherchait pas les honneurs, ni les prix. Il ne vint pas chercher le seul César qui lui fut attribué pour Itinéraire d’un enfant gâté de Claude Lelouch (1988), long métrage plutôt médiocre mais qui réhabilita son image critique sérieusement écornée. L’artiste était déjà ailleurs, plus proche des planches de son cher théâtre que des plateaux de cinéma si longtemps fréquentés : renouant avec le plaisir de la scène, il endossait pendant quelques mois un des rôles emblématiques du répertoire français, celui de Cyrano de Bergerac, sous la direction de Robert Hossein, en 1989. Quelques années plus tard, l’auteur Éric-Emmanuel Schmitt écrivit à l’intention du comédien la pièce Frédérick ou le Boulevard du Crime, créée au Théâtre Marigny le 22 septembre 1998.
Les deux dernières décennies seront celles des honneurs : on se souvient de la remise de sa Palme d’or d’honneur à Cannes en 2011, du panégyrique de Tarantino au cours du Festival Lumière de Lyon en 2013, du Lion d’or attribué en 2016, à la Mostra de Venise, et de l’hommage des César en 2017. Belmondo, très diminué, recevait ces ultimes saluts avec une bonhommie touchante, inscrit dans la mémoire collective au même titre que son alter ego et rival préféré Alain Delon, avec qui il domina le box-office français pendant si longtemps.
L’acteur est décédé le 6 septembre, à l’âge de 88 ans.
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