Incidents de parcours
Le 30 avril 2012
Délicieusement bricolé mais moins inconséquent qu’il n’y paraît au premier abord, ce périple cocasse est un merveilleux voyage initiatique au rendez-vous de l’éros et de la mort joyeuse. Il tient les promesses de son titre et nous transporte bel et bien au septième ciel.
- Réalisateur : Luis Buñuel
- Acteurs : Lilia Prado, Esteban Márquez, Carmelita González, Roberto Cobo, Luis Aceves Castañeda, Manuel Dondé
- Genre : Comédie
- Nationalité : Mexicain
- Durée : 1h15mn
- Titre original : Subida al cielo
- Date de sortie : 20 août 1952
Résumé : Le jour de ses noces avec Albina, Olivero est appelé au chevet de sa mère mourante. Celle-ci lui demande d’empêcher ses frères de se partager l’héritage au détriment du plus jeune. Olivero part en bus à Petatlán pour demander au notaire Figueroa de rédiger un testament. Le périple s’avérera mouvementé, d’autant que la belle Raquel, qui est du voyage, a jeté son dévolu sur le jeune homme.
- Lilia Prado et Esteban Márquez dans La subida al cielo ( Luis Buñuel 1951)
Critique : À l’exception de Los olvidados, les films de la première période mexicaine de Luis Buñuel (1946 - 1955, avant Nazarín), furent, en leur temps, presque unanimement considérés comme de purs produits commerciaux indignes de l’auteur de L’âge d’or. Depuis on n’a cessé de les réévaluer et l’on s’accorde à ranger El ou Ensayo de un crimen / La vie criminelle d’Archibald de la Cruz parmi les plus éclatantes réussites du cinéaste.
À côté des ces machines de précision au fonctionnement aussi implacable que jubilatoire, Subida al cielo, se présente sous les allures plus modestes d’une comédie picaresque quelque peu nonchalante, voire décousue, réunissant un certains nombre de passages obligés comme cette exécution, d’ailleurs très enlevée et parfaitement intégrée à l’action, de la chanson La San Marqueña lors d’une fête d’anniversaire dans une hacienda.
Le film, cousin mexicain du magnifique Arigatō-san / Monsieur merci de Hiroshi Shimizu, est pourtant loin d’être mineur. C’est même une vraie petite merveille, chérie de tout buñuelien (et même de pas mal d’autres) dont le charme tient en grande partie à la manière dont le cinéaste à su transformer en atouts les contraintes budgétaires et les nombreux imprévus d’un tournage accidenté.
- Luis Aceves Castañeda et Lilia Prado dans La subida al cielo ( Luis Buñuel 1951)
- Lilia Prado et Esteban Márquez dans La subida al cielo ( Luis Buñuel 1951)
Car la fantaisie débridée, le petit air de joyeuse improvisation, l’humour parfois facile mais toujours savoureux (l’irruption d’une cohorte de touristes américains coiffés de fez), le côté délicieusement bricolé d’effets spéciaux rudimentaires (la maquette miniature du bus montant à l’assaut d’un col de carton pâte) participent totalement des aléas d’un voyage initiatique mouvementé dans lequel le spectateur est embarqué en même temps que le protagoniste (Esteban Márquez, dont la charmante gaucherie colle parfaitement au rôle).
- Lilia Prado et Esteban Márquez dans La subida al cielo ( Luis Buñuel 1951)
Celui-ci a rendez-vous avec l’éros sous les traits aguichants d’une jolie allumeuse (Lilia Prado) déterminée à le séduire et qui y parviendra dans une scène d’anthologie, au milieu d’un orage, sur le col escarpé qui donne son titre au film avant de le congédier, choses faites, d’un J’ai eu ce que je voulais sans états d’âmes.
Mais il sera confronté aussi à la naissance, lorsqu’une passagère accouche dans le bus, et à la mort, dans la très belle séquence, émouvante car dédramatisée où, pendant le trajet du retour, la famille de paysans croisée à l’aller arrête le bus pour porter au cimetière le cercueil de la petite fille qu’on a vu précédemment mener les bœufs tirant de la rivière le véhicule embourbé.
Car si le ton est facétieux, le cinéaste ne cherche pas à tout prix le deuxième degré qui réduirait tout à une farce ; et sous ses airs faussement bâclés (superbe photo signée Alex Phillips) le film est parfaitement cohérent et plus grave qu’il n’y paraît d’abord, tout en restant léger de bout en bout.
Le prodigieux sens visuel du cinéaste produit nombre de séquences mémorables comme celle, authentiquement surréaliste, d’un rêve qui déjoue un symbolisme transparent par un enchaînement aléatoire, ou celle, évoquée plus haut, de la traversée du col sous l’orage.
Ce conte volontairement naïf est au final une des œuvres les plus libres et surprenantes d’une filmographie qui comporte pourtant bien des perles. La promesse du titre est parfaitement tenue : ce film transporte bel et bien (au septième ciel, bien entendu).
- La subida al cielo ( Luis Buñuel 1951)
- Carmelita González et Esteban Márquez dans La subida al cielo (Buñuel 1951)
– Tournage à partir du 6 août 1951
– Sortie au Mexique : 26 juin 1952
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audir8 26 juillet 2017
La montée au ciel - La critique
Celui-ci a rendez-vous avec l’éros. Nous on a notre site Valofi.com
Pwenfey 27 juillet 2018
La montée au ciel - La critique
Nous posons portes et fenêtres chez Capallest Merci pour votre article