Premier de cordée
Le 20 janvier 2010
Descente tout schuss sur les monts germaniques dans les années 1920 en compagnie de Leni Riefenstahl. Des prises de vues qui confinent au sublime, sur un fond de morale héroïque plus ambivalent...
- Réalisateur : Arnold Fanck
- Acteurs : Leni Riefenstahl, Luis Trenker, Ernst Petersen
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Editeur vidéo : MK2 Video
- Plus d'informations : Le site du DVD
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– Durée : 1h46min
– Titre original : Der heilige Berg
– Date de sortie DVD : le 3 février 2010
Descente tout schuss sur les monts germaniques dans les années 1920 en compagnie de Leni Riefenstahl. Des prises de vues qui confinent au sublime, sur un fond de morale héroïque plus ambivalent...
L’argument : Diotima est fiancée à un alpiniste. Au cours d’une ascension, son mari et son prétendant en viennent aux mains...
Notre avis : Venez respirer l’air pur des alpages... En tout cas, c’est ce à quoi vous convie ce film de 1926, tout droit descendu des plus frais sommets germaniques. On y découvre une Leni Riefenstahl exaltée par une volonté de puissance dionysiaque, dansant seule face aux forces de la nature qui vivifient les poumons de héros impétueux et téméraires, lancés à la conquête des massifs de tous les dangers. La montagne sacrée est assurément un film qu’on pourrait qualifier de « romantique » : reprenant le lexique et l’imagerie pérenne de l’homme plongé au coeur des éléments déchaînés, il n’hésite pas à donner dans l’emphase, aussi bien dans des intertitres gothiques et pompeux que dans la grandiloquence du récit, une intrigue somme toute assez banale mêlant jalousie et promesses rompues. On ne recherchera ici ni la finesse psychologique, ni même la force morale du propos ; l’histoire de Diotima et de ses prétendants semble surtout être un prétexte à des échappées visuelles dans la montagne, qu’Arnold Fanck arpente avec ferveur et passion. Filmer l’environnement sauvage de manière à la fois épique et élégiaque : c’est le défi des prises de vues sophistiquées qui imprègnent le long-métrage de leur rythme monumental, faisant du roc et de la neige les véritables protagonistes de la saga naturelle qui se dresse sous nos yeux.
En réalité, la difficulté pour le spectateur moderne consiste à voir La montagne sacrée avec un regard « nu », dépourvu du sens critique et émotionnel dû au recul de la « grande » histoire. Au bout de quelques séquences, il devient mentalement périlleux de ne pas projeter sur le film un certain nombre de valeurs à l’arrière-fond plus que douteux, et qui se feront jour en Allemagne dans les années suivantes : héroïsme, glorification des esprits sains enfermés dans des corps beaux et blonds... La figure de Leni Riefenstahl - la réalisatrice du tristement célèbre et nazi Triomphe de la volonté - en pythie athlétique n’est sans doute pas pour rien dans le malaise qui envahit au spectacle de ces dieux du stade d’hiver. Certes, il ne s’agit pas de faire de La montagne sacrée ce qu’il n’est pas (un film « prémonitoire » de propagande) ; mais précisément, il faut peut-être aussi ne pas demeurer tout à fait dupe. Si Murnau, Lubitsch ou Lang ne provoquent pas, dans leurs oeuvres de la même époque, un trouble similaire, c’est bien qu’est absente de leurs films la rhétorique moralisatrice que manie déjà du bout des doigts Fanck dans La montagne sacrée. Une erreur symétrique consisterait ainsi à penser que les événements des années 1930 seraient apparus de nulle part, comme un accident de l’Histoire, et sans résulter d’aucun état d’esprit national ou culturel ; piqûre de rappel pour s’interroger quelques instants : le cinéma a été et continue d’être potentiellement une arme insidieuse. Cela vaut bien d’être creusé à coups de pioche...
Le DVD
On salue l’initiative ambitieuse de MK2 d’éditer les films de la période muette du cinéma allemand, avec toutefois le malus d’une version un peu inégale.
Les suppléments
A part le bonus promotionnel présentant les bandes-annonces des autres classiques allemands réédités par MK2, les cinéphiles devront se contenter d’une analyse audio de Patrick Zeyen, qui commente avec pertinence mais de manière parfois un peu brève, et avec une voix vacillante, les images du film - et l’intérêt de ce dernier pour le spectateur d’aujourd’hui -...
Image
Le film a été restauré à partir des négatifs originaux, et c’est déjà un travail énorme. Malheureusement, les images semblent souvent souffrir d’une compression un peu bâclée, visible sur les fonds unis et les tons clairs...
Son
La bande-son de ce film muet, enregistrée en 2002, est raisonnablement présente, et bénéficie d’une balance correcte. On appréciera la finesse de la partition, qui met en valeur le film sans toutefois être trop illustrative.
Galerie Photos
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