Le 19 janvier 2016
Si le film ne se renouvelle plus passé sa première moitié, la solidité d’une démarche sans compromis ni démagogie remporte l’adhésion et fait de La marcheuse une oeuvre touchante et parfaitement recommandable.


- Réalisateur : Naël Marandin
- Acteurs : Philippe Laudenbach, Yannick Choirat, Christophe Paou, Lan Qui, Louise Chen
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Durée : 1h20mn
- Date de sortie : 3 février 2016

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– Année de production : 2015
Si le film ne se renouvelle plus passé sa première moitié, la solidité d’une démarche sans compromis ni démagogie remporte l’adhésion et fait de La marcheuse une oeuvre touchante et parfaitement recommandable.
L’argument : Lin Aiyu, clandestine chinoise, se prostitue dans les rues de Belleville. Elle habite avec sa fille adolescente, à qui elle cache son activité. Leur vie bascule lorsqu’un soir, un inconnu, blessé, pénètre brutalement chez elles. Tantôt ravisseur, tantôt prisonnier, l’homme s’impose comme une menace et une chance à saisir…
- © Folamour - Vito Films
- © Folamour - Vito Films
Notre avis : En conservant le mandarin comme langage dominant, le réalisateur de La Marcheuse cherche à dresser de l’intérieur le portrait de la prostitution chinoise parisienne, regardant la France et ses habitants d’un point de vue bien particulier. Rejetées par leur propre communauté et forcées au trottoir par la difficulté d’accès à l’emploi, les titres de séjour et le besoin pressant de revenu, La Marcheuse parvient tout de même à équilibrer les moments difficiles liés à la prostitution : aux clients parfois brutaux et aux descentes de police s’oppose ainsi des instants plus lumineux, de la trivialité très drôle avec laquelle les marcheuses parlent entre elles à une joyeuse séquence de karaoké enivrée. L’approche documentaire est par ailleurs solide, les acteurs sont justes et la photographie naturaliste et le budget restreint n’entravent en rien la justesse d’un portrait de femme qui se veut aussi unique qu’universel. Car malgré la situation bien précise dans laquelle se situe Lin, logée par un vieil homme en échange de soins médicaux puis victime et actrice participante d’une relation complexe avec un petit voyou, c’est sa situation de marcheuse, de prostituée qui intéresse le réalisateur dans la façon dont elle vient gangrener tous les rapports de Lin avec son entourage. De ces relations toxiques, il y a les clients, les policiers plus où moins enclins à les aider, ce vieil homme dépendant, le voyou à qui elle va demander le mariage pour obtenir des papiers : tous sont dans un rapport de force avec Lin qui tient à chaque instant son propre corps comme monnaie d’échange où d’intérêt. Jeux de pouvoir, de domination, régissent ainsi tous les rapports humains ne laissant à Lin que de succinct moments de répis. Si le film manque clairement d’enjeux et ne se renouvelle plus passé sa première moitié, la solidité d’une démarche sans compromis ni démagogie remporte l’adhésion et fait de La marcheuse un petit film touchant et parfaitement recommandable.
- © Folamour - Vito Films
- © Folamour - Vito Films