Le 30 septembre 2015
- Scénariste : Aurélien Ducoudray>
- Dessinateur : Hamo
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 1er avril 2015
- Durée : 1
La Malbête nous entraîne au dix-huitième siècle à la recherche de la terrible et mystérieuse Bête du Gévaudan. Il s’agit plus du récit d’une quête, d’une initiation, que d’un récit d’horreur ou d’aventure.
Résumé :
1765, Sa majesté le roi Louis XV délègue Antoine de Beauterne dans les basses terres du Gévaudan pour y chasser l’immonde bête qui attaque sans disparité hommes, femmes et enfants ! Loup énorme ? Créature des enfers ? Bête sauvage en cavale ? Beauterne va avoir du mal à pister la bête, malgré l’aide du jeune Barthélémy, onze ans, un enfant de la région qui va accepter de lui prêter main forte et dont l’ignorance, la naïveté et la franchise vont plaire au vieil Antoine, lassé des roublardises des jeux politiques de la cour du roi.
Notre avis :
Retour sur la légende de la bête du Gévaudan, maintes fois explorée au cinéma – citons le Pacte des Loups ou La Bête du Gévaudan - en littérature – Le Chien de Dieu ou encore Gévaudan – et même en BD – La Bestia ou La Bête du Gévaudan (pour l’originalité des titres, hein...) -, alors qu’attendre d’une nouvelle adaptation de ce récit légendaire ?
Ducoudray se base sur des faits historiques, certes, comme se prédécesseurs. Mais il prend une décision radicale. La traque de la bête devient presque uniquement une toile de fond, qui a un impact sur l’intrigue principale mais une toile de fond quand même. Oubliez les grandes scènes de traque, les poursuites haletantes dans la forêt, les yeux du fauve vous observant au détour d’une case ! Le minimum syndical est donné mais la richesse de ce récit ne se trouve pas là. Elle se fonde sur la rencontre et la naissance d’une relation entre le vieux Antoine de Beauterne et le jeune Barhélémy. Deux mondes s’opposent à travers ces deux personnages. Un homme de cour, droit, un peu blasé, citadin, catholique probablement et un enfant campagnard, orphelin, naïf et fils de protestant ! L’un travaille pour le roi, l’autre a vu son père exécuté sur ordre du même roi.
Tout les oppose et pourtant, une affinité va commencer à lier les deux hommes.
C’est l’évolution de cette relation que nous suivons dans ce premier tome qui se passe uniquement dans les terres du Gévaudan, la suite se déroulera sur Paris dans une autre jungle...
Cette approche intéressante pâtit du fait que la quête initiatrice de Barthélémy est assez classique. Antoine de Beauterne joue le rôle d’un vrai mentor et l’empathie de Antoine pour Barthélémy se déclare tout de suite. Ce n’est donc pas l’évolution de leur relation, qui ne fait pas trop de doute, et finalement, ne rencontre pas de heurt important, qui apporte du sel à l’histoire.
La rivalité entre Barthlémy et le fils de Beauterne n’est pas non plus un grand moteur. Car ce personnage de noble jaloux du succès d’Antoine auprès de son père nous semble au final assez manichéen. En fait, ce sont les idéaux protestants, la présence des huguenots qui met un peu de sel dans cette histoire dont le déroulé semble classique de prime abord. Quel rôle joue le protestantisme dans la toile de fond de la bête, comment Barthélémy va gérer sa religion dans un milieu catholique, comment cela va-t-il se passer pour lui à la cour fortement catholique où l’emmène Antoine ?
Autant de questions qui devraient trouver des réponses – que nous espérons surprenantes - dans le second tome. Si la légende de la bête est connue, son histoire certes moins, mais ce récit d’initiation reste assez classique. Il va donc falloir placer la barre plus haut pour remuer l’intrigue et l’action du second tome.
En ce qui concerne les dessins, Ducoudray a travaillé avec Hamo. Le choix graphique est intéressant. Pour se couper encore plus du récit de traque que l’on pourrait attendre, Hamo opte pour un style radicalement non réaliste. Le dessin est plus léger, presque enfantin – au bon sens du terme – et permet de trancher avec l’horreur pour se rapprocher plus du jeune Barthélémy.
Personnages au traits exagérés, aux visages expressifs, dans des poses dynamiques.
En opposition à cela, les décors sont présents, denses, les murs massifs et les forêts étouffantes contribuent à poser des ambiances souvent lourdes. Si l’histoire n’insiste pas sur la chasse en elle-même, l’ambiance est axée sur le malaise et l’angoisse que la bête fait régner. Les couleurs renforcent encore cet aspect.
Dans cette atmosphère étouffante où arrive Antoine, Barthélémy est un peu comme un rayon de soleil.
Le découpage repose sur deux à quatre bandes de une à cinq cases. Les planches offrent des cases de tailles variées et souvent, de longues cases couvrant toute la bande permettent de figer un instant, d’étirer le temps, de pointer un détail.
La narration reste classique et le jeu des cases, agréablement travaillé pour la lecture, n’offre pas une grande originalité. Mais il permet de mettre l’accent sur les personnages et leur relations, avec ses plans serrés sur les yeux, sur les visages, captant ainsi une émotion, un regard, une complicité naissante... Et c’est bien là le but de l’histoire écrite par Ducoudray.
La Malbête entame un récit d’initiation sur trame historique dont l’originalité repose plus sur les choix graphiques que sur l’histoire. Nous espérons retrouver cette ambiance réussie dans le second tome. Souhaitons que la trame de ce dernier et la conclusion de ce diptyque nous surprenne !
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