Le 21 novembre 2022
Œuvre kaléidoscopique, semblable à une photographie zoomée et fractionnée en une infinité de pixels, ce livre oscille entre le recueil de nouvelles et le roman, la littérature blanche et l’anticipation.
- Auteur : Jennifer Egan
- Editeur : Robert Laffont
- Genre : Roman
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Sylvie Schneiter
- Date de sortie : 22 septembre 2022
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : Bix Bouton a 40 ans, quatre enfants, et en apparence tout pour être heureux. Son entreprise, Mandala, connaît un succès tel qu’il est devenu l’un de ces « demi-dieux de la technologie » admirés de tous. Pourtant, il est tourmenté, insatisfait, en quête désespérée d’une nouvelle idée – jusqu’au jour où il tombe par hasard sur un groupe de discussion dont l’un des membres, professeur à l’université, expérimente un nouveau concept : l’externalisation de la mémoire. Nous sommes en 2010. En l’espace d’une décennie, OwnYourUnconscious, la nouvelle technologie développée par l’entreprise de Bix permettant non seulement d’accéder à tous ses souvenirs mais aussi de les partager en échange de l’accès à ceux des autres, a séduit les foules. Mais à quel prix ?
Critique : La maison en pain d’épices abrite un nombre étonnant de héros qui se croisent, dont les existences se percutent à la manière d’astéroïdes entrant en collision, avant de s’éloigner de nouveau pour pénétrer l’orbite d’autres astres. S’y effleurent des hommes et des femmes aux antipodes, codeur et droguée, mère et riches producteurs, malades mentaux et enfants, adolescentes perdues et pères absents. Tous vivent dans notre monde où la technologie a pris un autre visage, bien que celui-ci reste mystérieux, à la fois aussi immanquable que le regard de Big Brother et aussi banal qu’une voiture. Tous sont ambitieux – mais moins que ce roman.
C’est la structure de La maison en pain d’épices, sorte de séquelle à Qu’avons-nous fait de nos rêves ?, qui impressionne, ces subdivisions presque algorithmiques, ce kaléidoscope fait de pixels, ces culs-de-sac et ces protagonistes qui ne donnent le la que quelques pages. Ils sont reliés les uns aux autres, mais seuls quelques indices permettent de les connecter à ceux qui les ont précédés dans ces pages. Outre le genre de ce livre, pas vraiment dystopique, mais n’appartenant pas tout à fait à la littérature blanche pour autant, la narration elle aussi est joueuse, bascule d’un simple récit à des colonnes d’aphorismes en passant par l’épistolaire, de la première à la troisième personne. Les narrateurs ou focalisateurs sont souvent confrontés à des défis qui dépassent le lecteur, à des organisations toutes-puissantes ou secrètes – dans tous les cas, sibyllines. Semblable à une sorte de recueil où toutes les nouvelles seraient interdépendantes, interagissant sans vraiment communiquer les unes avec les autres, La maison en pain d’épices est un livre surprenant, une réflexion sur notre société, son évolution et l’impact de celle-ci sur l’identité.
Jennifer Egan - La maison en pain d’épices
Robert Laffont
396 pages
22 euros
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