La maison des otages - William Wyler - critique

Critique : Le scénario est tiré du roman et de la pièce homonyme de Joseph Hayes, auquel il a aussi participé. La famille si unie montrée avant l’arrivée des malfrats l’est-elle tant que ça ? Le père supporte mal de voir sa fille commencer à fréquenter un homme, et son autorité semble quelque peu mise à mal par le jeune Ralphie qui n’en fait qu’à sa tête. Mais, nous sommes au milieu des années 1950, cet élément inhabituel dans l’imagerie de l’américan way of life ne sera pas de nature à fragmenter la belle unité familiale dans la tourmente, bien au contraire. Il faut dire que les trois évadés qui vont envahir la maison sont violents, imprévisibles et volontiers sadiques. Rien ne permet de susciter la moindre empathie pour eux. Le père sera autorisé à sortir pour aller chercher de l’argent, mais va t-il obéir aux gangsters pour protéger sa famille , ou se rendre à la police qui est bien sûr, déjà à leurs trousses ? D’autant que le prétendant de sa fille a flairé quelque chose d’inhabituel dans le comportement de la maisonnée.
Le récit, concentré la plupart du temps dans la maison et ses abords, maintient un suspense permanent, avec des rebondissements donnant tantôt l’avantage aux évadés, tantôt à la famille Hilliard. De plus, l’activité parallèle de la police va t-elle être propice ou pas aux otages, face à des gangsters à la gâchette facile ? Il faudra attendre le dernier plan pour connaître le dénouement.

L’interprétation est remarquable, notamment Robert Middleton en armoire à glace aux instincts meurtriers, Arthur Kennedy en flic revanchard, et bien sûr Fredric March en père pas si modèle, sans oublier Humphrey Bogart en vrai méchant, limite psychopathe qui, pour son avant-dernier film, retrouve le type de personnage bad guy dont il était coutumier dans la première partie de sa carrière.

L’année suivante, William Wyler réalisera La loi du Seigneur (The Friendly Persuasion) avec Gary Cooper, qui bien que de facture très classique, remportera la Palme d’Or au festival de Cannes 1957.

En 1990, Michael Cimino en fera un remake, sous le même titre (y pour compris la traduction française), avec Mickey Rourke reprenant le rôle de Bogart et Anthony Jopkins, celui de Fredric March.