La Guerre des Amazones - Stéphane Piatzszek, Guillermo Gonzalez Escalada - la chronique BD

Critique : Avant de commencer le fond, il faut préciser la gifle mentale subie lorsque le lecteur découvre que les huit dernières pages n’ont pu être achevées par le dessinateur, décédé alors qu’il travaillait encore sur l’album. Sans avoir jamais connu ni même entendu parler de Guillermo Gonzalez Escalada, il y a un vide qui ne peut échapper au lecteur, car sans même connaître l’homme, on reconnaît l’artiste. Commençons donc par la partie graphique, qui est particulièrement réussie : le dessinateur a réussi à peindre un touche épique à chaque planche, faisant vibrer les muscles féminins à la manière de ceux qui le faisaient pour les hommes uniquement avant, leur donnant une force, une détermination et une dimension mythologique entrevue auparavant chez les Amazones. Il y a pourtant peu de bataille ou de duels, mais les moments d’action sont contrebalancés par des rêves, des visions et des complots qui rappellent 300, qui mêlent l’atmosphère de Game of Thrones à une étrange sensation de Janjetov pour l’ensemble graphique et scénaristique.

© Soleil / Gonzalez

Le scénario s’impose de lui-même par un double canal : le premier s’appuie sur la grande histoire, avec une invasion en règle des Carolingiens de la province royale de Bohême, contestée par une reine. Les intrigues politiques s’imbriquent avec un appui religieux, et cet aspect mystique se retrouve dans le second niveau, qui fait appel à la fantasy. Si la guerrière farouche fait office de chevaleresse tout ce qu’il y a de réaliste, les visions de la sœur, les sacrifices et les pouvoirs merveilleux rappellent bien les romans de chevalerie de Chrétien de Troyes, formant ainsi un échappatoire à une période historique qui a beaucoup de points obscurs.

© Soleil / Gonzalez

Chevauchée chevaleresque, historique et féministe réussie, La Guerre des Amazones est un récit épique moderne, faisant toujours appel à l’héroïsme, mais sans le réserver aux hommes uniquement.