Casse-t-il vraiment des briques ?
Le 18 février 2014
Les aventures des célèbres jouets de briques emboîtables du prolixe et lucratif "Lego Group".
- Réalisateurs : Chris Miller - Phil Lord
- Acteurs : Liam Neeson , Will Ferrell, Elizabeth Banks, Chris Pratt
- Genre : Science-fiction, Aventures, Animation
- Nationalité : Américain, Australien
- Durée : 1h40mn
- Titre original : The Lego Movie
- Date de sortie : 19 février 2014
- Plus d'informations : http://www.warnerbros.fr/lego-18028.html
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Lego La Grande Aventure peine à rallier à sa cause son public de consommateurs pourtant fougueux. Les enfants exceptés, les adultes collectionneurs depuis les années cinquante ainsi que la génération geek nourrie aux licences détournées par Lego Group, auront bien du mal à s’émerveiller pleinement face à ce spectacle pour le moins conventionnel.
L’argument : Emmet est un petit personnage banal et conventionnel que l’on prend par erreur pour un être extraordinaire, capable de sauver le monde. Il se retrouve entraîné, parmi d’autres, dans un périple des plus mouvementés, dans le but de mettre hors d’état de nuire un redoutable despote. Mais le pauvre Emmet n’est absolument pas prêt à relever un tel défi !
- © Warner Bros.
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Notre avis : Analyser Lego La Grande Aventure d’un œil critique revient tout d’abord à se questionner sur la qualité même des adaptations vidéoludiques, ou autres, dans l’univers de la firme danoise. Celles-ci représentent-elles la consécration d’un univers parodique et référentiel inspiré, ou l’étalage d’une licence dont la seule apparition de petites briques suffit à faire rire des adulateurs dévolus ? Pour le cas présent, la tâche de réaliser le premier véritable film Lego généraliste ne s’inscrivant pas dans une licence "Batman" ou "Star Wars" (si l’on excepte le direct to DVD Clutch Power), revient à Phil Lord et Chris Miller, ayant déjà tous deux sévi sur le plus inspiré Tempête de boulettes géantes. A la tête d’un confortable budget de 60 000 000 dollars, les deux compères donnent un côté "old school" référentiel au stop motion qui s’accorde parfaitement à l’esprit artisanal d’assemblage des petites briques. Malheureusement, ils ne parviennent pas à s’affranchir de l’impératif marketing de l’opération que l’on devine colossal.
- © Warner Bros.
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Ce qui est indubitablement prégnant dans Lego La Grande Aventure, c’est le tiraillement perpétuel entre les ambitions des deux réalisateurs, que l’on sent vertueux dans leurs démarches, et la pression des costards cravates conscients du potentiel marketing d’une licence en plein essor sur le marché vidéoludique. En décidant d’opposer un ouvrier à l’esprit qualifié texto de "vide" à un grand méchant nommé Lord Business, les comparses introduisent des pistes séditieuses au bout desquelles ils ne pourront malheureusement pas aller. Ankylosée par un scénario académique du duo Hageman, l’aventure de notre petit Emmet se résume en définitive à la traversée des possibles de l’univers Lego. Le destin des personnages est une succession d’arguments scénaristiques normes dont la seule finalité est l’exploration des mondes proposés par la firme danoise : le Far West, l’espace, le monde sous-marin etc. Au regard de cette transparence absolue des impératifs d’un script répondant à un cahier des charges verrouillé, il devient compliqué pour nos metteurs en scène de mener à bien l’aspect sycophante au-delà d’un message finalement consacré, au mieux, aux tout petits. On se retrouve bien loin de l’univers des magiciens des studios Pixar et des doubles niveaux de lecture agrémentés d’une finesse d’écriture et de caractérisation sans faille.
- © Warner Bros.
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Tandis que la dernière ligne droite opte pour une mise en abime dans le meilleur des cas affable, dans le pire calquant la géniale trilogie Toy Story, on repense nostalgique à l’ère où des cinéastes tels que Joe Les Looney Tunes passent à l’action Dante métamorphosaient le cinéma d’exploitation en pronunciamiento subversif. A ce titre, Lego La Grande Aventure est le reflet d’une époque consumériste où la toute puissance des studios donne une illusion libertaire tant à ses spectateurs qu’à ses auteurs. Le film se résume en conclusion à un artifice pas désagréable pour l’œil des mangeurs de Popcorn et à un concept fumeux pour les cinéphiles.
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