Un cri dans la garrigue
Le 9 décembre 2003
Dans un monde rural cruel, l’innocence ne triomphera pas...
- Réalisateur : Joël Brisse
- Acteurs : Hélène Fillières, Bruno Lochet, Ana Gantès
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h47mn
Dans un monde rural cruel, l’innocence ne triomphera pas...
L’argument : Noël est un homme en marge. Il s’est volontairement mis à l’écart d’une société qui n’a que du mépris pour les animaux et les éléments naturels. A ceux qui ne le comprennent pas et le considèrent comme "l’idiot du village", Noël répond par une sensualité désarmante : son rapport au monde est charnel, en symbiose avec ce qui l’entoure. Mais Noël n’est pas le naïf que l’on croit, simplement son univers est fortement empreint de sensations, presque primitives, de sorte qu’il est inaccessible aux adultes. Il n’a que sa nièce, "la petite", à qui confier son désespoir, un désespoir qui le poussera à commettre l’irréversible.
Notre avis : En opposition avec un certain cinéma qui donne à voir un monde rural idyllique et solidaire pour citadins stressés, Joël Brisse nous dresse le portrait d’un milieu qui défie les lois de la nature, feignant d’en ignorer les conséquences. Le seul, dans la vallée, à se soucier de l’inconstance des paysans, c’est Noël, Cassandre des temps modernes qui devine les malheurs, mais que personne ne croit.
Pour faire comprendre ce lien qui unit Noël au monde animal, le réalisateur a décidé d’adopter son rythme de vie. Ce point de vue peut expliquer les longueurs du début du film, mais on s’immerge tranquillement, presque sans en prendre conscience dans la sphère contemplative de Noël : la longueur laisse place à la langueur, la fluidité des plans nous gagne, on se surprend à ralentir notre respiration, à être attentif à chaque soubresaut animal. Inconsciemment, on scrute avec lui l’horizon, les nuages, la montagne... On bascule du côté du contentement charnel et de la sincérité. Car Noël est de ces êtres qui ont su conserver leur âme d’enfant, sans refouler leurs désirs et à l’écoute de leurs instincts... Malheureusement, son choix de vie n’est pas viable et son acte désespéré nous le rappelle avec d’autant plus de cruauté qu’on se prenait à espérer (naïvement) que l’innocence triompherait.
Mais La fin du règne animal ne serait pas si étonnant sans la prestation remarquable des comédiens, car le scénario demeure quasi inconsistant. Bruno Lochet, à mille lieues de son personnage des Deschiens, surprend par sa grâce et son émotion à fleur de peau : il incarne à la fois, la générosité, la colère et la tendresse, naviguant sans cesse entre tragédie et comédie. Il est le vecteur d’émotion essentiel de ce film, une première œuvre lumineuse.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.