Le 23 juin 2024
- Scénariste : Hideshi Hino>
- Dessinateur : Hideshi Hino
- Genre : Fantastique
- Editeur : Imho Editions
- Famille : Manga
- Date de sortie : 17 mai 2024
Hideshi Hino nous offre une nouvelle histoire fantastique, écrite et dessinée par ces soins. Ce conte étrange est tout autant une histoire de survie, de vengeance, de peur, d’amour qui ne vous lâchera pas avant la dernière page.
Résumé : {La fillette de l’enfer} début pendant une nuit d’orage, dans un CHU. Un homme semble terrorisé, le médecin lui annonce une dure nouvelle. Ce jeune père refuse de croire ce qu’il entend et veut le voir de ses yeux. Il découvre que l’un des deux bébés dont a accouché sa femme est horrible, difforme. L’enfant d’un démon, chuchote le médecin. Que va faire le père de sa fille ?
Critique : Un enfant difforme abandonné dans une décharge par sa famille, voilà le nœud de l’intrigue. Le jeune bébé va décéder. Mais, comme dans tout bon récit fantastique, il va se passer quelque chose de surnaturel qui va changer le cours des choses. Ici, des feux follets qui n’acceptent pas l’inéluctable, la mort d’un bébé.
Une nouvelle chance lui est donnée. Pourquoi ? Que doit-elle en faire ? Mais déjà pourra-t-elle survivre ? Car pour un nourrisson perdu dans une décharge peuplé de bêtes sauvages, comment se nourrir ? Avant même de développer son âme, le bébé va apprendre à tuer pour survivre, manger tout ce qu’il peut. En cela, ce manga est un récit de survie, une enfant, mue par son unique volonté, instinctive, animale, doit manger, dormir, vivre !
C’est une étrange entité extérieure qui apporte la soif de vengeance à cette fillette. Au départ elle voudra juste satisfaire une curiosité : que cachent les grandes lumières au loin de la décharge ? La ville, les humains. En cédant à son envie de savoir, elle découvre le monde des hommes où elle n’a pas sa place. Et semer le chaos car, pour survivre, elle doit manger de la viande. N’ayant aucune notion de morale, aucune éducation, elle attaque le premier venu, comme elle le fait pour les chiens de la décharge. Et sans qu’elle s’en rende compte, les choses vont aller de mal en pire.
La chute de ce récit est vraiment émouvante. On pourrait l’analyser en regrettant que l’horreur ne soit pas poussée à son paroxysme. Mais ce serait croire que ce récit est une simple histoire horrifique. En fait, le récit forme la quête de ce protagoniste jeune, sans expérience, qui n’a appris qu’à survivre, et qui veut comprendre cette émotion qu’elle ressent au fond d’elle-même depuis qu’elle est consciente.
Au-delà des émotions de son personnage, Hideshi Hino aborde aussi le thème des enfants abandonnés, en se réfugiant derrière le masque du fantastique. Il n’y a pas vraiment de coupable, le père qui abandonne sa fille monstrueuse pour préserver sa femme et la jumelle de l’enfant agit par peur, cette terreur que l’introduction de l’histoire fait monter, jouant sur les images classiques, la nuit, la pluie, l’orage, les visages gênés, apeurés, effrayés, jusqu’à la révélation, l’enfant difforme. L’auteur fait tout pour que l’on comprenne la réaction du père. Puis il nous place avec l’enfant, pour que nous saisissions bien qu’il ne s’agit que de survie, et de cette émotion étrange qu’elle ressent au fond d’elle-même.
Dans cette histoire, c’est la tristesse qui prend le dessus. Nous sommes triste pour la famille, pour la fillette, pour les victimes innocentes qui parsèment le récit. L’auteur a ainsi bien mené son récit au-delà de l’horreur apparente.
- © Hideshi Hino / IMHO
Hideshi Hino opte pour un noir et blanc dominé par les aplats de noir, représentant la nuit, certes, mais aussi l’enfermement où tous vivent, du CHU à la décharge en passant par les rues et maisons de la ville. Il utilise très peu de trames de gris, à part pour aller avec la neige et la grisaille de l’hiver. La majeure partie de son travail repose sur les hachures, leur emploi systématique pour le sombres et les volumes mais aussi pour accentuer l’ambiance gothique, la tension à certains moments.
La composition joue souvent sur de grandes cases, permettant une narration fluide et aérée. Si l’on trouve quelques cases biseautées, pour certains moments de tension, le plus souvent, les planches présentent des cases peu nombreuses, sans explosion de la composition aux moments critiques. La montée de la tension joue beaucoup plus sur la mise en scène.
La fillette de l’enfer est une histoire triste d’abandon et de survie, qui se termine de manière étonnante, par une forme d’apaisement.
192 pages – 14 €
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