Le 2 novembre 2014
Une aventure scientifique peu commune, narrée avec des procédés de suspens, qui débouche sur un vertige métaphysique.
- Réalisateur : Mark Levinson
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h39mn
- Titre original : Particle fever
- Date de sortie : 5 novembre 2014
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Le sujet du film peut faire peur, mais la mise en scène rend passionnante une recherche qui semble théorique et ardue.
L’argument : La Fièvre des Particules suit dans l’intimité six brillants scientifiques cherchant à démêler les mystères de l’Univers, nous montrant à la fois les succès et les échecs de la plus importante et fascinante avancée scientifique du monde vers l’infiniment petit.
Notre avis : Le film repose sur une gageure : comment rendre cinématographique une recherche physique portant sur des domaines réservés aux spécialistes ? Disons-le tout de suite, le pari est quasiment gagné. Certes, le commun des mortels ne comprendra pas tout, mais l’essentiel n’est pas là. A défaut de comprendre, nous sommes portés par un défi humain, et, in fine, un questionnaire métaphysique.
La Fièvre des particules raconte une quête, celle de la particule manquante ou boson de Higgs. La narration est chronologique, à l’exception d’un retour sur la construction de la « machine » et va de 2007 à 2012, soit un quinquennat de doutes, d’angoisses, d’échecs et de triomphes. C’est la réussite du film de s’attacher à quelques scientifiques, donc d’incarner ce que cette recherche peut avoir d’abstrait. Pour ce faire, le réalisateur alterne des plans de la vie quotidienne, qui peuvent d’ailleurs renvoyer à la science, et des moments plus complexes, avec graphiques et dialogues. L’impression générale est que ces gens vivent par et pour la science. Or, même si le but est atteint, personne ne sait à quoi ça peut servir. C’est un point récurrent dans le film : le seul moteur, mais il est capital, c’est la curiosité. Cette idée parcourt l’œuvre, s’en amuse quand un économiste pose la question, mais, si elle le conclut, c’est pour une réflexion magistrale : la curiosité, celle de l’artiste, celle du chercheur, est ce qui nous rend humains. Au passage, les « héros » envoient une gifle aux obscurantistes comme aux politiciens avides de résultats monnayables.
© Jupiter Films
Si La Fièvre des particules intéresse même les non-initiés, c’est d’abord par la personnalité attachante de ces chercheurs, loin des images d’Épinal que nous avons tous en tête. Mais c’est aussi parce que le réalisateur a utilisé les codes du film à suspense, avec montage alterné, musique soulignant les victoires comme les déceptions, multiplicité des points de vue. La narration, solide, repose sur des étapes datées : enjeux, essais, échec, nouveaux essais, réussite qui ouvre de nouvelles questions. L’histoire, celle de ces gens et de leurs passés racontés face caméra, croise l’Histoire, celle de l’univers, de la science, de l’homme.
On sort de la projection un peu sonné, plus curieux, plus riche, plus humain, avec l’impression fascinante que le parallèle entre art et science est une clé qui unit les hommes, les vivants et les morts. Alors, certes, au passage, on a été un peu exaspéré par quelques plans inutiles (ces travellings sur la machine !), par L’Hymne à la joie qui souligne une réussite, par des images prétextes et des surimpressions. Mais le film nous rappelle avec force que « saveur » et « savoir » ont la même étymologie et qu’il n’est peut-être rien de plus beau que ces actes gratuits, une peinture rupestre ou la traque d’une particule manquante.
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