Grain de sable
Le 6 janvier 2015
Yossi Aviram signe un premier long-métrage de fiction inégal, mais intéressant et plutôt ambitieux.


- Réalisateur : Yossi Aviram
- Acteurs : Niels Arestrup, Emma de Caunes, Mathieu Amalric, Lior Ashkenazi
- Genre : Drame
- Nationalité : Israélien, Français
- Editeur vidéo : France Télévisions Distribution
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 13 août 2014

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– Sortie DVD : le 7 janvier 2015
Une édition soignée pour un film qui mérite d’être vu encore plus largement
L’argument : Hanoch est seul face à la mer, il a parcouru une longue route à vélo, à travers la France. Au loin : Israël, son pays, qu’il a quitté pour une raison mystérieuse. Quelques jours plus tard, une jeune femme le retrouve sans connaissance sur le rivage. Personne ne parvient à savoir qui il est. L’inspecteur Ruben Vardi est sur le point de prendre sa retraite : pas question de se charger de cette affaire. Mais des faits étranges le décident à changer d’avis…
Le film : Comme beaucoup de cinéastes passés par une école de cinéma, Yossi Aviram manifeste un sens du cadre remarquable : l’emploi des sur-cadrages, des plans vides, la scénographie, réjouissent l’œil. On sent que tout a été pensé, soigneusement conçu et exécuté. On peut certes lui reprocher des maladresses, inhérentes aux premiers films. Surtout, dans un film aussi lent et ponctué de silences, intervient la notion subjective d’ennui. Il est vrai que certains trouveront le temps long à observer le quotidien de personnages qui eux-mêmes semblent s’ennuyer. D’autre part les dialogues, plutôt rares, ne sonnent pas toujours justes. Enfin, et on en aura terminé avec les « maladresses », le numéro du flic fatigué impliqué dans une dernière affaire n’est pas de première jeunesse.
Néanmoins, on serait injuste en laissant croire à une somme de défauts. Outre l’utilisation de comédiens magnifiques, la beauté des décors et des éclairages, on remarque également l’ambition d’un sujet sur la quête des origines et la paternité. Souterrainement, et c’est intéressant de la part d’un jeune cinéaste, le film nous parle de la fatigue, et peut-être de la fatigue d’être soi. Ce beau thème se révèle moins dans les dialogues que dans le jeu des acteurs (voir les poses de Niels Arestrup) et dans le choix des cadrages, isolant les personnages ou, dans la belle scène à l’hôpital, travaillant le reflet avec intelligence.
© Les Films du Poisson
Yossi Aviram dit s’être inspiré de déclarations de Truffaut, (« 60 % de silence dans Fahrenheit 451 »), d’un fait divers et du documentaire sur son oncle, présenté en bonus du DVD. Inspirations hétéroclites, mais qui forment un tout homogène qu’un public exigeant a su reconnaître (16 302 entrées en France). Le réalisateur commence donc une œuvre à suivre : il a coécrit avec Valéria Bruni Tedeschi un film qui sera le pendant de celui-ci, puisque ce seront des Français qui vivront une histoire en Israël.
La critique : ICI
Les suppléments :
Le documentaire sur l’oncle du réalisateur, diffusé par Arte, Tous les soirs (les vieux garçons) présente le quotidien d’un couple homosexuel âgé, qui s’apprête à quitter Paris. En 1h11mn, on suit leurs préparatifs, entrecoupés de réflexions sur la vieillesse et la condition des gays. Le réalisateur intervient, refusant la prétendue objectivité du regard documentaire. Admettons toutefois que, malgré l’intérêt du sujet et l’émotion qui se dégage de ce couple, le temps nous a semblé un peu long. Reste qu’on voit à quel point ce documentaire a été une matrice du film.
L’image :
La copie rend majestueusement la beauté des éclairages intérieurs comme des magnifiques paysages. De très légers fourmillements perceptibles sur les aplats.
Le son :
Dans un film aussi silencieux, les deux pistes (2.0 et 5.1) proposent un bel équilibre entre les voix chaleureuses et les bruitages. Et, si l’on ose dire, la beauté du silence est respectée.