Le 29 janvier 2020
Plus qu’une histoire fantastique, La dernière vie de Simon est le récit d’une imposture identitaire. Un film plutôt savamment mené, qui séduira les adolescents en quête de sentiments romantiques et de sortilèges.
- Réalisateur : Léo Karmann
- Acteurs : Camille Claris, Benjamin Voisin, Martin Karmann
- Genre : Drame fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 5 février 2020
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Résumé : Simon a 8 ans, il est orphelin. Son rêve est de trouver une famille prête à l’accueillir. Mais Simon n’est pas un enfant comme les autres, il a un pouvoir secret : il est capable de prendre l’apparence de chaque personne qu’il a déjà touchée… Et vous, qui seriez-vous si vous pouviez vous transformer ?
Notre avis : Le cinéma fantastique est un genre assez peu répandu dans le cinéma français. Léo Karmann s’attaque, pour son premier long-métrage, à un tel projet, et il faut reconnaître que l’intrigue est rudement bien menée, sans qu’à aucun moment, et pourtant c’est le risque majeur de ce type d’entreprise, on ne doute de la vraisemblance et de la cohérence narrative. En fait, tout laisse à penser que la trame fantastique n’est qu’une opportunité pour dérouler la difficulté qu’éprouve tout être à grandir, quand il est privé de l’essentiel, à savoir l’amour parental et une filiation identifiable. C’est le destin du jeune Simon, placé dans un foyer de l’enfance depuis qu’il est tout jeune, et vraisemblablement condamné à la vie institutionnelle et à l’absence d’affection. Il fait la rencontre de deux enfants de son âge, qui lui ouvrent, certes leur amitié, mais surtout la chance inouïe de passer un week-end chez leurs parents, comme si soudain, il n’était plus un cas social, mais un enfant normal.
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Sauf que le petit Simon ne sera jamais vraiment comme les autres. Il a l’étrange pouvoir de prendre l’apparence de toutes les personnes dont il a tenu la main. On pourrait penser qu’il s’agit d’un particularisme plutôt sympathique. En réalité, ce drôle de don va le conduire au malheur, l’obligeant à endosser et à assumer un rôle et une personnalité qui ne sont pas les siens. La dernière vie de Simon déroule ainsi le récit d’une imposture. On imagine la souffrance terrible pour ce garçon de devoir jouer une personne qu’il n’est pas, même s’il en a acquis toutes les caractéristiques physiques et biologiques. Et le film parvient à rendre compte avec force des tourments de cet être perdu, finalement condamné à une sorte de solitude et de désertion affective éternelles.
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L’écriture du long-métrage répond à toutes les exigences d’un scénario. Chaque détail compte, comme le plus anodin, car le diable se cache dans les détails. Léo Karmann échappe à l’oubli ou à l’incohérence narrative, grâce à une véritable rigueur dans la mise en scène. Les comédiens, tout à fait honnêtes, ne semblent pas avoir le droit à l’improvisation. Le récit nécessite du cadre et une direction d’acteurs qui empêchent de vaciller dans le grotesque. Car ce risque demeure majeur dans le cinéma fantastique. Il faut aussi rajouter que les comédiens sont tout à fait à la hauteur du scénario. Ils ne versent jamais dans le ridicule, assument des postures pas faciles à incarner, comme le handicap par exemple, et bon an mal an, les spectateur adhèrent totalement à cette histoire.
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La fragilité du film demeure toutefois l’abus par le réalisateur des effets stylistiques. La première partie qui raconte l’enfance des protagonistes, verse dans un romantisme suranné, donnant à voir une image ultra idéale de la famille. L’amour règne partout dans cet enclos familial, et rien n’entache le calme apparent. A cela s’ajoute le cadre idyllique de la Bretagne (on ne s’en plaindra pas, car la photographie est exceptionnelle) où les gens vivent dans des maisons magnifiques, perchées sur une falaise arborée qui laisse apercevoir une mer immensément bleue. Il y a évidemment dans cette représentation de la famille et de la vie en général, le sentiment que le cinéaste en fait un peu trop. La musique aussi, très symphonique, très ample, accentue le sentiment d’une exagération de la mise en scène, quand la caméra n’abuse pas des ralentis ou du montage très serré.
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Mais il serait particulièrement malhonnête de ne pas voir chez ce jeune cinéaste un talent évident. Le film touchera les adolescents attirés par les bons sentiments et la fantaisie. Le long-métrage met en exergue une morale et des valeurs absolument rares dans nos sociétés modernes, et en ce sens, il provoquera le plaisir chez les jeunes spectateurs, autant qu’il leur fera bénéficier de vertus éducatives. On peut imaginer que dans son prochain film, le cinéaste gagnera en maturité et en confiance en lui, ce qui lui donnera l’occasion d’oser plus d’impertinences dans sa mise en scène.
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