Soit je meurs, soit je vais mieux
Le 5 novembre 2015
Un long-métrage balisé sur l’assistance à la fin de vie, porté à bout de bras par Sandrine Bonnaire, lumineuse.
- Réalisateur : Pascale Pouzadoux
- Acteurs : Sandrine Bonnaire, Antoine Duléry, Marthe Villalonga, Gilles Cohen, Grégoire Montana-Laroche
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h45 mn
- Date de sortie : 4 novembre 2015
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Un long-métrage balisé sur l’assistance à la fin de vie, porté à bout de bras par Sandrine Bonnaire, lumineuse.
L’argument : Madeleine, 92 ans, décide de fixer la date et les conditions de sa disparition. En l’annonçant à ses enfants et petits-enfants, elle veut les préparer aussi doucement que possible, à sa future absence. Mais pour eux, c’est le choc, et les conflits s’enflamment. Diane, sa fille, en respectant son choix, partagera dans l’humour et la complicité ces derniers moments.
Copyright Wild Bunch
Notre avis :
Après Quelques heures de printemps, La vanité et plus récemment Chronic, le cinéma européen semble décidé à s’emparer d’un sujet polémique : la fin de vie. Ou plutôt l’assistance à la fin de vie, et plus spécifiquement le droit à mourir dans la dignité.
Pascale Pouzadoux s’y prête à son tour avec cette dernière leçon, adaptation du livre du même titre de Noëlle Chatelêt, qui y évoquait le suicide assisté de sa mère.
Comment empoigner cette délicate question du suicide assisté sans tomber dans un pathos absolu ? La réponse donnée par Pascale Pouzadoux tient du bon sens : l’héroïne ne doit pas être accablée mais fière et sûre de son choix. Cette affirmation permet de faire du personnage un moteur guilleret malgré la lourdeur de sa décision. Les meilleurs moments du film sont d’ailleurs ceux où Madeleine se laisse aller à plaisanter sur sa situation, avec sa femme de ménage ou son voisin de chambre à l’hôpital. Malgré cela, La dernière leçon est lesté par le systématisme de son schéma de pensée : Il y a les moments légers et les moments dramatiques à souhait et entre les deux... Pas grand chose. Ce schéma binaire est sans cesse mis en valeur par l’usage de la musique, composée par Eric Neveux. À chaque moment triste, ses notes amères. À chaque moment gai, ses rythmes enlevés. Impossible de se soustraire à l’injonction : à telle minute il faut être triste, à telle autre, pas question. Pour preuve une scène d’accouchement improvisée, si investie par sa musique d’ambiance qu’elle en devient grotesque.
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L’ensemble tient grâce à Sandrine Bonnaire, qui porte tout le film sur ses épaules. Son interprétation lumineuse et toute en finesse vient redonner des couleurs à ce film saturé mais terne. Le jeu de Marthe Villalonga, en revanche, est plus aléatoire. Capable du meilleur comme du pire, l’actrice est de tous les plans – c’est le suicide de son personnage que le film évoque. Leur duo mère fille fait montre d’une alchimie qui fait du bien et permet même à une impression de bien-être de se dégager du film. La légèreté de ton est plus que bienvenue quand elle vient surprendre un peu, ce que le scénario parvient à faire en de rares instants.
En fait, le film se perd précisément quand il refuse de faire confiance à l’intelligence du spectateur. Pouzadoux, en véritable control freak, ne laisse absolument rien au hasard ni même, et c’est regrettable, d’espace propice à la réflexion. Comme si le moindre plan qui ne serait pas lisible ou chargé d’intentions surlignées au stabilo était une catastrophe. En témoignent les flashbacks aux couleurs saturées pour exprimer la pensée des personnages, envisagés comme seul et unique moyen d’évoquer un passé commun et des souvenirs. On semble tenter de nous rassurer à chaque instant. Curieux pour un métrage sur la liberté de choix.
S’il cumule quelques poncifs téléfilmiques, La dernière leçon n’est pas désagréable, juste un peu trop sage et policé pour convaincre.
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