La Crème de la Crème - la critique "pour" du film

Critique : Quatre ans après Dog Pound, portrait d’un jeune détenu d’un établissement pénitentiaire pour mineurs aux Etats-Unis, le jeune réalisateur français Kim Chapiron s’intéresse à une autre institution totale (c’est-à-dire un lieu où un grand groupe d’individus sont coupés du monde extérieur) : l’école de commerce.
C’est un cinéaste qui se démarque de la jeune génération du cinéma français par ses influences clairement anglo-saxonnes. C’était le cas avec Dog Pound qui lorgnait, peut-être trop ostensiblement, du côté du cinéma britannique et notamment celui d’Alan Clarke. Revenant à un univers franco-français mais qui n’est pas sans rappeler le système universitaire américain, La Crème de la Crème est une véritable immersion au sein des écoles de commerce. Avec le scénariste Noé Debré (qui a coécrit Les Gamins), ils ont réussi à capter des détails forts de ce milieu, bénéficiant au réalisme du film.

Cependant, Kim Chapiron a un souci du récit, et c’est ce qui le rapproche le plus des références américaines du genre (Social Network, par exemple). Au lieu de s’appesantir sur une chronique sociologique des écoles de commerce, il va créer un récit en lien direct avec cet univers, reprenant des éléments caractéristiques de celui-ci : la marchandisation et le consumérisme à travers la mise en place d’un réseau de prostitution. Sans jamais délaisser cette idée principale de capter un milieu et une génération, le cinéaste fait ainsi peu à peu glisser son film du côté du cinéma de genre. On est, en effet, pas très loin du film de mafia.
Après, le film ne manque pas de maladresses : une opposition sociale probablement trop marquée, certains personnages féminins pas assez travaillés… Mais malgré cela, La Crème de la Crème reste un des très bons films français de ce début d’année.