Le 6 avril 2015
Un film d’aventures à l’ancienne, porté par un savoir-faire indéniable.
- Réalisateur : Roy Boulting
- Acteurs : Richard Widmark, Trevor Howard, José Chavez, Peter van Eyck , Jane Greer
- Genre : Aventures
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h39mn
- Titre original : Run for the sun
- Date de sortie : 30 juillet 1956
L'a vu
Veut le voir
– Sortie DVD : le 7 avril 2015
Un film d’aventures à l’ancienne, porté par un savoir-faire indéniable.
L’argument : Après le crash de leur avion, Mike Latimer, écrivain, et Katy Connors, la jolie journaliste chargée de l’interviewer, se retrouvent perdus au beau milieu de la forêt vierge. Ils sont recueillis par de soi-disant archéologues, Van Anders et Browne, qui se révèlent être de dangereux Nazis. Une chasse à l’homme commence...
Notre avis : Curiosité du cinéma, il y a deux frères Boulting, des jumeaux, tous deux réalisateurs anglais. John est le plus réputé ; La Course au soleil est le film le plus connu de Roy, peut-être à cause de son casting (Jane Greer, Richard Widmark, Trevor Howard), peut-être à cause de l’attente qu’il a suscitée : remake de La Chasse du comte Zaroff (Schoedsack et Pichel, 1932), écrit par Dudley Nichols (scénariste entre autres de La Chevauchée fantastique ou de L’impossible Monsieur Bébé), produit par Jane Russel et son mari, le film pouvait être une relecture magistrale de la nouvelle de Richard Connell. La déception éprouvée à l’époque fut à la mesure de cette attente. Nous pouvons aujourd’hui juger plus sereinement, sur pièce, ce divertissement un peu plus qu’honnête.
Par rapport à la nouvelle et à la première adaptation, une dimension, pourtant essentielle, a disparu : la notion du jeu. Ici, ce n’est pas pour l’excitation de la chasse que le couple est traqué, mais bien parce qu’il constitue un danger : il menace de révéler l’existence de nazis camouflés dans la jungle. Cet enjeu narratif, amoindri par rapport à l’original, reste fort, grâce notamment au froid détachement de Trevor Howard. Mais il est surtout dilué par une construction en trois actes inégaux : la rencontre du couple, leur séjour tranquille chez ceux qui les ont recueillis et enfin la traque. On craint le pire avec le début : le regard porté sur les Mexicains, au mieux condescendant, le cliché de la journaliste et de l’écrivain retiré qui ne peut plus écrire, leurs dialogues banals, tout cela n’est pas de la meilleure eau. Mais des détails s’inscrivent en nous qui vont jouer un rôle essentiel : un carnet aimanté, une balle porte-bonheur, le mensonge initial de Katherine. C’est tout le talent du scénariste de distiller des informations, relayées par des gros plans, qui vont fonder l’architecture du film. Passé ce premier temps, après l’accident d’avion, on se retrouve dans un huis-clos menaçant, remarquablement borné par la menace des chiens, longtemps présents par leurs seuls aboiements. L’utilisation des décors naturels, même avant la traque, est magistrale, et, il est temps de le souligner, d’une beauté classique intemporelle : les éclairages savants, la scénographie, la composition des couleurs, autant de preuves d’un savoir-faire collectif évident. Boulting sait cadrer, et privilégie le plan fixe rigoureux, au prix parfois d’un certain statisme.
Mais c’est évidemment la traque qu’on attend : le couple dans la jungle, les nazis et les chiens à leurs trousses, quoi de plus cinématographique depuis Griffith et son montage alterné ? Le suspens est savamment dosé, avec des rebondissements, des moments d’espoirs et d’abattements. Comme il se doit, l’écrivain dépressif se révèle héroïque face au danger ; et cette évolution, Widmark l’incarne à merveille dans toutes ses nuances. Mais ce qui frappe le spectateur contemporain, c’est le traitement de la violence : le choix du hors-champ, classique en 1956, n’empêche pas la cruauté de ces affrontements secs et nerveux : il n’y a là ni complaisance ni édulcoration.
On pourrait balancer sans cesse entre les réussites et les ratés de ce film visuellement somptueux. S’attrister des chutes de rythmes, s’émerveiller devant les décors naturels et la photogénie de la jungle, déplorer le traitement du rôle féminin (Jane Greer, magnifique ailleurs, n’a pas grand chose à défendre), célébrer la dimension noire ou la finesse des dialogues entre Widmark et Howard. On pourrait aussi aborder La Course au soleil sous l’angle des rapports entre Hollywood et le nazisme, avec la métaphore des chiens. Mais au total, la conclusion s’impose : certes pas un chef-d’œuvre, ce film en demi-teinte mérite d’être vu, apprécié comme un divertissement plaisant et représentatif d’une époque.
Le DVD
Les suppléments :
Outre l’habituelle galerie de photos et d’affiches, deux entretiens passionnants aident à cerner le film : François Guérif le défend à partir de la nouvelle (14 minutes) et Patrick Brion donne des informations utiles sur différents aspects (8 minutes).
L’image :
La copie est magnifique. Même si dans le détail, elle trahit son âge, le respect des couleurs, des contrastes et des nuances est saisissant.
Le son :
Là encore, les deux pistes en Dolby Digital 2.0 ont subi une cure de jouvence qui restitue admirablement aussi bien la musique que les dialogues, naturels et aérés. La VF garde ces qualités, mais le doublage a sacrément vieilli.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.