Le 24 juin 2020
Un jeune délinquant, touché par la foi, va se faire passer pour un prêtre dans un village polonais très croyant. Un film choc sur une usurpation d’identité, qui évoque le pouvoir de la croyance dans la Pologne profonde.
- Réalisateur : Jan Komasa
- Acteurs : Łukasz Simlat , Aleksandra Konieczna, Eliza Rycembel, Bartosz Bielenia, Tomasz Ziętek
- Nationalité : Français, Polonais
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h56min
- Titre original : "Boże ciało"/"Corpus Christi"
- Date de sortie : 22 juin 2020
- Festival : Festival À l’Est
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Résumé : Daniel (Bartosz Bielenia), la vingtaine, est placé dans un centre éducatif dirigé par des prêtres où il apprend la menuiserie. Investi dans les cérémonies religieuses, il apprend qu’il ne pourra pas prétendre à la prêtrise en raison de son passé de délinquant. On lui trouve un emploi dans une scierie située très loin à la campagne.
Critique : Le récit suit pas à pas le destin de Daniel, délinquant au lourd passé, petit dur qui aime le rock violent, l’alcool et les filles, mais qui est aussi attiré par l’exercice de la foi.
Dans une lumière laiteuse, le film passe d’un centre religieux froid, impersonnel, où la violence régit les rapports, à un petit village perdu, aux maisons modestes et tristes, mais presque toutes ornées d’effigies catholiques. On peut penser que si Daniel se sent une vocation religieuse, c’est parce qu’il s’agit de la seule échappatoire qui s’offre à lui, face à la perspective d’une vie médiocre de modeste ouvrier ou encore face au risque de retomber dans la délinquance.
Au village, où se trouve la scierie dans laquelle le héros est envoyé, intervient un prêtre qui est vieux et malade. Ce dernier doit se faire hospitaliser. Comme saisi d’une pulsion non préméditée, ou plus simplement pour échapper à son destin, Daniel se fera passer pour un ecclésiastique en tournée des paroisses, et se verra proposer un remplacement de quelques jours.
- Copyright Bodega, 2020
Le film montre le changement à l’œuvre chez le protagoniste, qui se prend au jeu et se métamorphose en religieux "new look". Il séduira une bonne partie de la population. Parallèlement, un mystère entoure un accident dramatique, responsable de la mort de sept villageois, et perturbe la quiétude de la communauté. Mais l’événement va aussi servir l’intégration de Daniel.
Si le long-métrage tire sa force d’un récit fondé sur une histoire vraie, il peine un peu à se trouver un style propre : la noirceur du propos laisse parfois étonnamment la place à des situations de comédie (les quiproquos liés à l’usurpation d’identité). L’extrême violence stylisée d’une des scènes situées dans le centre éducatif, jure tout de même avec l’ensemble du film plutôt feutré.
L’interprétation habitée de Bartosz Bielenia constitue l’un des meilleurs atouts du long-métrage : son visage tantôt illuminé, tantôt fermé, ses grands yeux bleus expressifs et son sourire rare, mais irrésistible, font converger tous les regards.
Jan Komasa ne manque pas de talent. Toutefois, il s’est un peu dispersé dans un trop-plein d’idées, et sans vouloir révéler l’intrigue, n’a pas su trouver de fin réellement convaincante. La communion reste tout de même un œuvre forte, avec une histoire étonnante qui a aussi le mérite de nous montrer une Pologne méconnue.
Ce drame, inspiré d’une histoire vraie, a été sélectionné pour l’Oscar du meilleur film international, mais s’est vu ravir le prix par Parasite, du réalisateur sud-coréen Bong Joon-ho.
- Copyright Bodega, 2020
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