Valeureuse cavalerie
Le 16 octobre 2022
Humaniste, touchant et dynamique, La charge héroïque se compte parmi les plus beaux monuments du western classique. Un vibrant hommage de John Ford à la cavalerie dont on ne se lasse pas.
- Réalisateur : John Ford
- Acteurs : John Wayne, Joanne Dru, George O’Brien, Paul Fix, Ben Johnson, Arthur Shields, John Agar, Victor McLaglen, Harry Carey Jr., Mildred Natwick, Noble Johnson
- Genre : Western
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h39mn
- Date télé : 8 mai 2024 23:50
- Chaîne : TCM Cinéma
- Reprise: 5 septembre 2007
- Titre original : She Wore a Yellow Ribbon
- Date de sortie : 29 septembre 1950
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– Année de production : 1949
Résumé : En 1876, après la défaite et la mort de Custer, dix mille Indiens commencent à se réunir pour marcher contre les Blancs. Le capitaine Nathan Brittles, à quelques jours de la retraite, effectue sa dernière patrouille. Ce sera un échec complet, car à cause de la femme et de la nièce du commandant du fort qu’il doit mener à la diligence, il ne pourra prendre le risque d’empêcher les Indiens de faire leur jonction, de s’approvisionner en fusils auprès d’un trafiquant d’armes et de massacrer des planteurs. Mais, durant les dernières minutes de son commandement, Brittles effectue un raid audacieux contre le camp où se sont regroupés des milliers d’Indiens et il met en fuite leurs chevaux, évitant ainsi une guerre sanglante. Quand il croit quitter définitivement l’armée et la cavalerie, il est nommé chef des éclaireurs civils.
Critique : Apparu en plein âge d’or du western, dans sa période dite "classique" située entre les années 1940 et le courant des années 50, La charge héroïque s’installe au centre d’un triptyque consacré à la cavalerie américaine par le cinéaste John Ford (elle se place entre Le Massacre de Fort Apache de 1948 et Rio Grande en 1950). Ce western à la portée humaniste brille tout particulièrement par l’hommage qu’il rend aux valeureuses Tuniques Bleues. Son titre original, She Whore a Yellow Ribbon, s’avère beaucoup plus approprié puisqu’il fait référence à une ancienne tradition militaire. Le fameux ruban jaune suggère que les jeunes femmes qui l’arborent sont dans l’attente du retour d’un être aimé. Un titre prenant tout son sens avec les tribulations d’un triangle amoureux (John Agar et Harry Carey Jr, les deux prétendants de l’audacieuse et ravissante Joanne Dru) qui vient prendre le pas sur la fameuse charge finale, plus secondaire au niveau de l’intrigue.
Ford nous invite à côtoyer de plus près le quotidien des soldats de la cavalerie, non sans parsemer ici et là quelques courses-poursuites à cheval dynamiques au son du colt. Il offre à John Wayne le soin d’interpréter le capitaine Nathan Brittles, un officier en fin de carrière, gentiment bougon et toujours passionné par son métier. Ce rôle d’officier fait probablement partie des plus beaux qu’il ait pu jouer. Brittles y apparaît comme un modèle pour ses hommes. Il va même jusqu’à flirter avec la figure paternelle tant il se voit impliqué dans leur sort et leur réussite. C’est à reculons que le capitaine marche vers la retraite, une position qui permet de rendre le personnage tendre et touchant en de nombreuses séquences, comme par exemple lorsque Brittles rend visite à sa femme décédée, bouquet de fleurs à la main, en se recueillant sur sa pierre tombale afin de lui raconter une de ses dernières journées au sein de l’armée. Ou bien encore au moment où ses troupes lui offrent une montre en argent en guise de reconnaissance pour son départ de l’armée. Le capitaine en a la larme à l’œil devant tant de générosité. Deux scènes qui témoignent parfaitement de l’affection et de la sincérité émotive visées par Ford envers ses personnages. En plaçant au milieu de jeunes soldats fringants un vieux sergent porté sur la bouteille (l’attachant et non moins fabuleux Victor McLaglen), le réalisateur semble vouloir faire honneur à ses racines irlandaises. La bagarre à l’intérieur du bar du régiment s’impose comme un très agréable moment de comique burlesque.
Il est intéressant de signaler que dans La charge héroïque, les Indiens ne sont pas dépeints comme de simples sauvages sanguinaires mais comme des hommes affectés par la perte de leurs terres qu’ils souhaitent seulement récupérer. On comprend que Brittles a noué par le passé une relation respectueuse avec un vieux chef de tribu. La sagesse des deux anciens ne peut toutefois rien contre la fougue et l’envie de guerre des jeunes guerriers ornés de plumes. Enfin, c’est le décor de la Monument Valley, très prisé par Ford, qui servira de théâtre au long métrage. Le cadrage des grands espaces rocailleux et désertiques est saisissant (Ford s’est beaucoup inspiré des tableaux du peintre américain Frederic Remington). Le cinéaste fait preuve d’un sens de la beauté picturale inégalé lorsqu’il filme des chevauchées palpitantes ou encore des troupeaux de bisons dans de grandes étendues sauvages. Il est à souligner que le travail sur la photographie a valu à Winston C. Hoch l’Oscar de la meilleure photographie couleur en 1950 (le technicolor y est tout bonnement somptueux).
En vertu de l’humanité qui se dégage de ses personnages, de l’immense prestation de John Wayne et de sa réalisation sans faille, cette charge héroïque demeure l’un des plus beaux films fordiens jamais réalisés. À voir et à revoir.
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