Le 16 avril 2018
Les Espagnols sont parvenus à produire une série aux allures de blockbuster mondialement connu grâce à Netflix. Mais au final, La Casa de Papel ne propose rien qui ne sorte vraiment du lot, et n’a certainement rien d’une série de petit malin.
- Série : La casa de Papel
- Acteurs : Itziar Ituno, Álvaro Morte, Pedro Alonso, Úrsula Corberó, Alba Flores
- Genre : Drame, Thriller
- Chaîne de TV : Netflix
- Date de sortie : 20 décembre 2017
Résumé : Huit voleurs font une prise d’otages dans la Maison royale de la Monnaie d’Espagne, tandis qu’un génie du crime manipule la police pour mettre son plan à exécution.
Notre avis : Il aura fallu bien du temps à La Casa de Papel pour se faire une place majeure dans le catalogue de nouveauté Netflix. Racheté à la télévision espagnole Antena 3 par le big boss du streaming légal, le show a profité d’un lent mais indéniable bouche-à-oreille jusqu’à devenir une des séries majeures de cette fin 2017 – première moitié de 2018. La hype, on la connaît, et l’on sait comment elle peut en réalité faire plus de mal que de bien à une œuvre en la sur-vendant. Les exemples ne manquent pas, surtout lorsque le public outre-atlantique pète une durite sur un film laissant plus indifférent qu’un jambon-pâtes pas assez assaisonné(Ça, Wonder Woman, tous les derniers Marvel Disney...). La France ne fait pas non plus exception, et c’est avec cet emballement démesuré qu’elle a accueilli La Casa de Papel. Alors, oui, comme beaucoup, nous aussi avons été convaincus par les premiers épisodes qui, s’ils n’étaient pas transcendants, reposaient sur un concept très prometteur, revenant à une formule du braquage d’une efficacité redoutable et pleine de nervosité. Mais alors que Netflix a alimenté le désir des fans en diffusant la seconde moitié de cette histoire, il ne fait plus de doutes concernant une chose : on nous prend un peu trop pour des cons.
- Copyright : Netflix
Il en devient lassant de toujours (ou presque) en revenir au même point d’attaque, mais en empruntant à la production hollywoodienne son sensationnalisme et son sens du dynamisme, La Casa de Papel manque de délicatesse, notamment pour nous faire accepter ses rebondissements, sur le papier déjà bien douteux. Par son écriture, Álex Pina nous donne constamment une belle grosse tape d’Oslo dans le dos pour nous faire digérer manuellement les twists qu’il peut nous faire avaler à longueur d’épisodes. Sauf qu’à part nous étouffer par la bêtise et la prétention d’intelligence de son histoire, le showrunner n’arrive pas à éveiller plus que de l’exaspération blasée, et certainement pas de la surprise. La Casa de Papel souffre du syndrome Death Note, celui de se reposer sur une structure en boucle « problème → j’avais prévu ce problème, j’ai donc fait ça → nouveau problème → j’avais prévu que ça arriverait, j’ai donc fait ça exprès aussi → encore un nouveau problème → pile ce que j’avais envisagé comme ennui, si c’est pas beau ». Des exceptions, surtout dans la saison 2, masquent cette narration répétitive, notamment dans cette mutinerie mise en place, néanmoins rien qui ne puisse faire oublier tout ce que l’on a pu se bouffer en terme de résolutions de péripéties fumeuses. La série, sous couvert qu’elle nous présente le Professeur – l’organisateur du braquage - comme un génie du crime, se permet absolument tout et n’importe quoi, et particulièrement des flashbacks d’une facilité effarante pour justifier le fait qu’il avait planifié autant de plans qu’il y a de lettres dans l’alphabet cambodgien.
- Copyright : Netflix
Pourtant, de toute la galerie de personnages, c’est bien ce Professeur qui se détache de cette bande de braqueurs, parce qu’il dispose d’une autonomie que les autres n’ont pas. Ainsi, en parallèle des événements de la Fabrique de la monnaie, ce personnage fonctionne avec une certaine indépendance qui permet un étoffement de sa personnalité, plutôt rudimentaire, mais finalement très attachante tant ses intentions sont bonnes de bout en bout. La prise de risque est inexistante, mais cela fonctionne, notamment grâce à son interprète, Álvaro Morte, et on ne peut pas en affirmer autant du reste. Il faut s’approcher du dénouement de la série pour enfin profiter d’une émotion qui fonctionne, et qui ne repose pas sur une mise en scène de forceur, pour notre plus grand étonnement. Car jusqu’à alors, La Casa de Papel n’avait pas fait montre d’une grande justesse dans les personnages. Presque tous plus brailleurs les uns que les autres (sauf Moscou et Rio), les différents protagonistes parlent beaucoup, mais n’agissent finalement que bien peu. Surtout, pour constituer la crème de la crème des braquages, on les trouve un peu bras cassés à mesure que l’heure tourne, ou en tout cas souffrant d’un déficit conséquent d’intelligence. On ne va pas épiloguer sur Denver, qui de toute façon nous est vendu comme un idiot – attachant, certes, mais un idiot très stéréotypé - , en revanche le traitement des protagonistes féminins relève encore une fois du problème sérieux lorsqu’il s’agit d’en faire des personnages forts. Tokyo et Nairobi agacent à s’exciter sans aucun recul sur la situation et par leur incapacité à gérer leurs émotions, ce qui n’en fait absolument pas des personnalités charismatiques et entreprenantes, juste antipathiques.
- Copyright : Netflix
La Casa de Papel se prend pour ce qu’elle n’est pas, et développe toute une imagerie classe et clinquante pour alimenter le charisme de personnages trop mal écrits pour offrir une constance dans ce domaine. Si l’on a arrêté le supplice de se farcir lé série The Walking Dead, devenue daube en cours de route, ce n’est certainement pas pour se taper un simili-Negan en la présence de Berlin ou plus généralement des dialogues interminables peu significatifs. Cela n’a jamais fonctionné. Cela revient à se qualifier de dangereux pour montrer qu’on l’est vraiment. Sauf que la simple idée d’avoir besoin de le dire explicite parfaitement la supercherie. C’est ce que la série passe son temps à faire : surligner sa nervosité, surligner son intelligence, surligner sa classe. Elle n’incarne pas ces traits de caractère, elle les reproduit à la surface. La Casa de Papel est finalement comme la plupart de ses personnages : que de la gueule, rien dans les tripes.
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MYTHOMANIAC 16 mai 2019
La Casa de Papel - la critique de la série (sans spoiler)
Une série espagnole autour d’un braquage. Le professeur réunit une équipe de voleurs et autres criminels de talents pour monter le plus coup de l’histoire. Leur objectif est de voler 2,4 milliard d’euros, sans verser de sang, ni retirer l’argent de la poche du peuple.
Un exploit pour un plan qui va nécessiter 5 mois de travail à notre équipe.
Une série qui invoque l’esprit du cinéphile, il y a des éléments tirés de très nombreux films a commencé par Inside Man mais aussi Leon, V pour Vendetta, la saga Ocean’s, 21 Las Vegas, John Woo, David Fincher ...
Les premiers épisodes sont assez efficaces, il commence à y avoir certaines longueurs dans l’épisode 4, avec des choses plus attendues et voyantes.
Quelques situations tirées par les cheveux, des clichés du genre ou des deus ex machina qui gâchent un peu l’intelligence des premiers épisodes.
Pourtant, la série réussie à nous surprendre à nouveau dès l’épisode 5.
Les hauts et les bas continuent, entre longueur narrative, évidences scénaristiques et rebonds malins.
La saison 2 arrive après un cliffhanger de fin de saison plutôt efficace.