La bouteille - Lewis Trondheim, Alfred - la chronique bd

Cette trame simple permet un parti pris narratif assez rare à l’échelle de toute une bande dessinée : un récit alterné. Ainsi, chaque page de droite montre l’un des petits-fils de la victime marchant dans un paysage qui évolue au fil des pages (d’abord urbain, puis forestier). Ces pleines pages muettes, au dessin foisonnant et au trait à l’épaisseur variable, affichent une nature luxuriante et épanouie. Les pages de gauche, consacrées aux échanges au sujet de la bouteille délétère, mettent en scène les membres de la famille. Les cadres, serrés, permettent de tirer le portrait et de livrer les dialogues. Chaque type de page possède ainsi sa fonction avant une fusion finale, les trois dernières pages laissant la place à un seul récit. Quelle que soit la page, il est en fait question d’un cheminement : seul et bucolique ou collectif et agité. Dans les deux cas, la vie suit son cours.

Lewis Trondheim - Alfred / L’association

La bouteille parle du travail du deuil, du temps long nécessaire comme des divergences familiales qu’il peut entraîner. Si la fin surprend, voire déçoit quelque peu, elle confirme que la vie continue.
Cet album séduit par la justesse - certes habituelle - du dessin d’Alfred, par l’expérience narrative qu’il nous fait vivre - cette dernière étant judicieuse sur un format court (vingt-quatre pages) -, mais également par sa manière d’aborder avec douceur et apparente légèreté un sujet douloureux.

Lewis Trondheim - Alfred / L’association