Le 6 décembre 2016
- Festival : SOBD 2016
Après la bande dessinée taïwanaise en 2015, le festival SoBD met en lumière la bande dessinée suédoise, tout aussi méconnue du grand public. Lançons ici quelques pistes qui vous donneront peut-être envie de découvrir des auteurs contemporains dynamiques, fruits d’une tradition qui remonte au XIXe siècle.
L’édition 2016 de SoBD a été marquée par un focus sur la bande dessinée suédoise.
Quand on parle de bande dessinée, on identifie comme une évidence trois grands pôles, centrés sur les États-Unis, le Japon et l’espace franco-belge. Cette distinction occulte d’autres traditions nationales, et ce n’est pas le moindre mérite de SoBD que d’attirer notre attention sur ces autres espaces qui produisent de la bande dessinée, parfois de grande qualité.
SoBD a rendu compte de cette bande dessinée à travers un cycle de conférences, portant sur la tradition ancienne de la bande dessinée suédoise, la richesse de sa création contemporaine, et l’importance des femmes dans la production suédoise de bande dessinée. Fredrik Strömberg, éditeur, auteur et journaliste, par ailleurs président de l’association des auteurs suédois de bande dessinée et auteur d’une Histoire de la bande dessinée suédoise chez l’éditeur PLG, a été un acteur important de ces rencontres.
L’histoire de la bande dessinée suédoise de Fredrik Strömberg est à ce jour la seule synthèse disponible en Français sur cette bande dessinée. Dans une présentation synthétique, l’auteur retrace 200 ans d’histoire de ce médium, et présente les principaux auteurs contemporains. Indispensable si vous souhaitez découvrir cet univers.
Fredrik Strömberg nous a notamment appris que la bande dessinée suédoise est née au XIXe siècle, et qu’elle a été essentiellement influencée par la bande dessinée allemande (pensons à Max und Moritz) et américaine. L’influence de la bande dessinée francophone a été, avant le second XXe siècle, beaucoup plus limitée, les Suédois étant peu francophones (mais excellents anglophones, comme l’ensemble des auteurs présents en ont fait la démonstration durant tout le festival). Des bandes dessinées comme Tintin, Astérix, Ric-Hochet ont connu une traduction en suédois, comme les auteurs du magazine culte Métal Hurlant. Les auteurs suédois ont adapté ces modèles étrangers à leur propre culture.
En Suède, la bande dessinée que nous qualifions "d’alternative" dispose d’une grande visibilité, et dispose de supports de presses très bien diffusés, comme Galago , magazine suédois né en 1979 qui publie quatre numéros par an, et qui s’inspire des publications des comics underground américains. Galago accueille ainsi la fine fleur des auteurs suédois de bande dessinée, et se vend aussi bien chez des libraires spécialisés qu’en supermarché. Fredrik Strömberg explique ce succès par le fait que la Suède est un petit marché - le pays compte moins de 10 millions d’habitants - comparé à la France, le Japon ou les Etats-Unis, et que vivre en faisant de la bande dessinée "classique" est plus difficile que de créer des bandes dessinées dites "d’auteurs" en exerçant une autre activité professionnelle en parallèle, comme l’enseignement.
La bande dessinée suédoise n’a pas toujours connu le même succès, et les auteurs présents rappellent que dans les années 1990, le Neuvième Art ne faisait pas recette et le magazine Galago connaissait une baisse des ventes tandis que l’on traduisait beaucoup moins de titres étrangers. On pensait à l’époque que la tradition suédoise de BD finirait par disparaître. Cependant, depuis les années 2000, la bande dessinée suédoise connaît un nouveau dynamisme, porté par des auteurs de talent. Parmi ceux-ci, on compte de nombreuses femmes, ce qui reflète par ailleurs l’avancée de ce pays en matière d’égalité des sexes. Aujourd’hui, on compte en Suède environ 300 publications par an, selon Fredrik Strömberg.
La Suède a également développé un discours sur la bande dessinée, notamment à travers la revue Bild&Bubbla, émanation de l’association des auteurs suédois de bande dessinée.
Ces rencontres ont été l’occasion de découvrir plusieurs auteurs, dont nous vous proposons une rapide esquisse. La majorité d’entre eux ont publié dans une anthologie de la bande dessinée suédoise publiée par Les Requins Marteaux, Rayon frais . Ce très bon recueil témoigne à lui seul de la force et de la créativité de la bande dessinée suédoise contemporaine. Retrouvez ici cette anthologie.
Couverture de Triton, de Knut Larsson, disponible chez PLG.
Parmi les auteurs que nous avons découvert à cette occasion, citons Knut Larsson, auteur important de la scène alternative de la bande dessinée suédoise, qui a publié Aniara et Triton, traduit en Français chez PLG (vous pouvez découvrir de cet auteur sur le site de l’éditeur).
Couverture d’Histoires de Famille, de Pelle Forshed, disponible aux éditions de l’Agrume
Pelle Forshed est l’auteur d’une Histoire de famille (disponible ici qui, en huit nouvelles, traite d’un sujet difficile : la place des personnes dépendantes dans nos sociétés. L’ouvrage a été très bien accueilli par la critique, en France.
Couverture d’Hiver Rouge, d’Anneli Furmark, disponible chez ça et là.
Citons enfin Anneli Furmark, auteur de Hiver Rouge (disponible ici), qui raconte dans une fresque politique l’engagement militant à gauche dans la Suède des années 1970, et du Centre de la Terre, fiction dramatique se déroulant en Islande (disponible sur ce lien).
Galerie Photos
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