Le 8 juillet 2019
Duccio Chiarini décline dans une comédie douce amère les vicissitudes amoureuses et modernes de plusieurs couples italiens. Un film attachant et sensible, porté par un Daniele Parisi tout en délicatesse.
- Réalisateur : Duccio Chiarini
- Acteurs : Silvia D’Amico , Daniele Parisi, Anna Bellato
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français, Italien, Suisse
- Distributeur : Urban Distribution
- Durée : 1h34mn
- Date de sortie : 10 juillet 2019
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Résumé : A Rome, Guido, presque quarante ans, voit sa paisible vie chamboulée quand sa petite amie Chiara remet brutalement en question leur couple. Il se retrouve alors contraint de squatter chez ses parents et amis. D’un canapé à l’autre, il s’invite malgré lui dans l’intimité de ses proches et prend conscience de la complexité des relations amoureuses.
Notre avis : La première séquence s’ouvre sur un homme, qui, après avoir fait l’amour, s’engouffre à l’intérieur du corps de sa femme pour y chercher un préservatif. Le ton est donné à cette comédie sociale et doucereuse, qui donne la voix aux errements amoureux du couple, à travers son anti-héros principal, haut en couleur, Guido (Daniele Parisi) tout aussi déconcertant qu’attachant. Pour son second long-métrage, Duccio Chiarini s’attaque à la fameuse crise des quarantenaires qui réinterrogent leur place professionnelle, les rapports hommes-femmes, et le sens de la vie. La description du couple échappe avec justesse aux miasmes d’un certain cinéma d’auteur, bavard et intellectuel. Au contraire, le cinéaste choisit le rire masqué et une mise en scène relativement dépouillée, pour dresser le portrait de couples modernes, au bord de la crise de nerf.
- Copyright Duccio Chiarini/Urban Distribution
L’ospite signifie en italien l’invité. En effet, Guido s’invite d’un appartement à l’autre, le temps pour son propre couple de faire face à la crise qui les oppose. Il découvre ainsi une intimité généralement contrariée, où l’amour se négocie souvent à coups de règlements de compte et de faux semblants. Il visite ainsi son meilleur ami au bord de la rupture ou ses parents en proie au vieillissement et ses conséquences. La mise en scène de la vie quotidienne, pour reprendre le titre d’un célèbre sociologue, s’illustre dans un souci de la précision chez le cinéaste : un ordinateur ouvert sur une table, l’installation du lit dans le salon, un détail dans le vêtement qui vient raconter le mensonge et l’adultère dans le couple, etc. On assiste ainsi à un chassé-croisé existentiel de deux couples, dans une Italie moderne où enfin la parole est donnée aux classes moyennes. En fait, le long métrage s’inscrit dans la continuité d’une forme d’autofiction chère au cinéma de Nano Moretti. On pressent une identification du cinéaste né en 1977 aux personnages auxquels il donne vie.
- Copyright Duccio Chiarini/Urban Distribution
Tout le film repose sur le personnage central de Guido. C’est un professeur de lettres presque raté, qui passe à côté de sa vie, plutôt que de s’efforcer de trouver des solutions. Il affiche une mine mélancolique, et on le voit pleurer dans sa voiture ou se retourner dans son lit à la recherche du sommeil. Cet antihéros s’inscrit dans une tradition théâtrale. Il est à la fois le spectateur de lui-même et de toute une génération de quarantenaires qui cherchent un sens à l’amour, au désir qui s’épuise et à la vie en général. La peur de vieillir, l’ennui traversent les personnages de ce récit névrotique. En quelque sorte, ce Guido est le pendant moderne et masculin d’une Emma Bovary confrontée au désir avorté de la filiation. Il souffre de sa propre médiocrité, tout en ne faisant rien pour la combattre. Mais heureusement, le film ne cède jamais à l’ironie ou le mépris. La mise en scène rend les personnages très proches de ce que chacun peut vivre. Elle invite le spectateur à penser son rapport au monde et à la vie, en veillant à sortir de son ego tout puissant et à opérer un pas de côté, indispensable pour rendre les choses plus légères et vivables.
- Copyright Duccio Chiarini/Urban Distribution
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