Le retour du cinéma en Odorama
Le 7 février 2016
Un documentaire sensoriel qui aurait gagné à aller plus loin dans ses démonstrations et dans son engagement.
- Réalisateur : Kim Nguyen
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Canadien
- Durée : 1h24
- Titre original : Le nez
- Date de sortie : 10 février 2016
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Un documentaire sensoriel qui aurait gagné à aller plus loin dans ses démonstrations et dans son engagement.
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L’argument : Les plaisirs procurés par la nourriture, l’érotisme ou encore la famille forment l’essence même de nos vies émotionnelles. L’odorat en est le déclencheur essentiel. En réalité, nous devrions appeler notre sens de l’odorat, le sens du désir, car il exalte nos passions et notre sensualité. Les odeurs nous émeuvent de façon subliminale et profonde. Elles enrichissent nos vies et nous procurent des joies indescriptibles. Les moments de pure poésie de ce documentaire révèlent tout l’univers de l’odorat.
Notre avis : Remarqué en 2008 au NIFFF lors la diffusion du surréaliste Truffe, où il égratignait copieusement la société de consommation, le Canadien Kim Nguyen réalise avec L’odorat son premier documentaire.
Il s’agit d’un projet ambitieux puisque le leitmotiv est de montrer l’importance du sens olfactif dans notre vie quotidienne. L’idée est en soi intéressante mais elle n’en demeure pas moins risquée car le spectateur voit des images à l’écran, entend des bruits mais il ne peut rien sentir (quoique le documentaire sera proposé en odorama en salles, à l’instar du mythique Polyester de John Waters en 1981.
Il faut donc bien délimiter les choses pour immerger le spectateur au sein de senteurs qu’il ne peut qu’imaginer.
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Aussi, Kim Nguyen s’est inspiré du livre Papilles et molécules de François Chartier. Ce dernier est d’ailleurs interviewé à plusieurs reprises dans ce documentaire pour évoquer l’importance de l’odorat.
Bien que très sous-estimé dans notre vie quotidienne, puisque l’on paraît plus réceptif à la vue, au toucher, l’ouïe et au goût, l’odorat est un sens majeur qui guide nos vies. D’ailleurs, sur une question intéressant le monde entier – l’amour – une docteure en neurosciences nous explique que l’odeur est le critère le plus important pour une femme en matière d’attirance sexuelle. Bien avant le physique ou encore la voix. Cela donne sans doute d’autant plus de pertinence à cette expression populaire quand on dit que l’on ne peut pas " sentir quelqu’un. "
Ce documentaire rappelle également que l’odorat déclenche des émotions, des souvenirs. Tous les participants de ce film s’accordent à dire qu’une odeur particulière leur évoque un événement passé, en lien avec leur histoire propre.
Le film de Kim Nguyen laisse donc entendre que l’odorat est un sens capital dans notre vie. A tel point que lorsqu’on le perd – à l’image de la jeune femme ayant eu un accident – on est fortement handicapé.
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L’odorat met aussi l’accent sur l’économie – bien réelle celle-ci – qui tourne autour de l’odorat. Les cultivateurs de safrans et les chercheurs de truffes (décidément, le cinéaste est passionné par les truffes !) vivent grâce à leur "odorat délicat", lequel constitue au demeurant le titre original du film. Le commerce du safran se révèle fort juteux, quelques grammes se vendant à prix d’or.
L’ambre gris, est également à l’honneur dans ce documentaire. Plusieurs spécialistes signalent leur passion pour cette substance très parfumée, à l’odeur spécifique. On nous révèle tout le marché qu’il y a autour de l’ambre gris. Mais surtout, lors d’une anecdote savoureuse, on apprend que l’ambre gris est obtenu à partir d’excréments de la baleine ! Ce qui fait dire à un spécialiste de la question qu’il est " l’expert en caca de baleine ".
Si l’odorat se révèle un documentaire original avec l’intervention de nombreux spécialistes (œnologue, cuisinier, scientifique, journaliste, etc.) autour de ce sens, il souffre toutefois d’un manque de cohésion. Les expériences personnelles évoquées ne manquent pas d’attrait, mais laissent l’impression mitigée que le sujet dans son ensemble est un peu survolé.
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Car au final, qu’est-ce que nous apprend ce documentaire ? Que l’odorat est un sens fondamental puisque l’on a agit dans nos comportements par rapport aux choses que l’on sent. Et que tout ce qui a trait à l’odorat (les plantes et autres) donne lieu à un marché économique. Certes, c’est important mais le réalisateur Kim Nguyen aurait pu en profiter pour remettre en question certains dogmes libérales (l’appropriation des fragrances par des estampilles prestigieuses, de Chanel à Dior, par exemple), comme dans son film Truffe.
Au lieu de cela, il se contente d’une démonstration bien trop policée, où il se sert de l’avis passionné de professionnels pour étayer sa réflexion. Un peu plus de cadre et d’engagement nous aurait davantage satisfaits.
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