Le 18 mars 2020
Entre réel et imaginaire, un hommage à la création illuminée par un duo d’actrices solaires.
- Réalisateur : Caroline Deruas
- Acteurs : Tchéky Karyo, Clotilde Hesme, Marilyne Canto, Jenna Thiam
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Durée : 1h38mn
- Date télé : 18 mars 2020 23:40
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 15 février 2017
L'a vu
Veut le voir
– Sélection officielle du Festival du Film de Locarno
– Festival de cinéma européen des Arcs.
Résumé : Axèle est photographe, Camille, écrivain. Elles partent pour un an en résidence à la Villa Médicis à Rome. Camille est accompagnée de son mari, l’écrivain réputé, Marc Landré. Alors qu’une étrange rivalité s’installe entre eux, Camille se lie à Axèle. Mais qui est vraiment Axèle ? Une artiste complète, sans concession, qui se confond avec son œuvre ? Ou le fantôme des lieux ? De cette année à la Villa Médicis, où les corps et les esprits se libéreront, personne ne sortira indemne...
Notre avis : Une dizaine d’hommes et de femmes à la personnalité peu ordinaire se retrouve dans le huis-clos d’un somptueux palais romain, un endroit hors-temps qui pourrait être le cadre idéal d’une énigme policière. Il n’est pourtant ici question que de création artistique. En effet, l’Académie de France à Rome, plus connue sous le nom de « Villa Médicis » reçoit en résidence pour une année les jeunes artistes admis au concours d’entrée afin qu’ils y développent leurs projets créatifs. Caroline Deruas, co- scénariste d’Un été brûlant de la jalousie et de L’ombre des femmes et qui signe ici son premier long-métrage en a été la pensionnaire en 2011. Tombée amoureuse de ce décor paradisiaque, elle n’a alors de cesse de se l’approprier. Elle décide de nous en donner sa version cinématographique en accordant le rôle principal à ce lieu baigné d’une intemporalité flottante, autour duquel tournent tous les acteurs de ce mélodrame. Insufflant une belle part de son histoire personnelle dans son intrigue, la réalisatrice la violente, la sublime, la transcende jusqu’à la transporter dans un univers onirique, entre enfermement et création libératrice. Car tout n’est qu’affaire d’imagination.
- Copyright les films du Losange
Camille (la trop rare Clotilde Hesme, qui nourrit de son talent toutes les nuances de ce personnage complexe) focalise ce foisonnement spirituel. Laborieuse, terrienne, écrivaine débutante, mère de famille, elle est mariée à un auteur plus âgé et plus reconnu qu’elle, dans lequel on retrouve un Tchéky Karyo d’une justesse épatante dans le rôle de ce mari à la fois attachant et insupportable. Elle s’est laissée enfermer dans un rapport amoureux et artistique laissant la part de création à son compagnon qui n’hésite pas à affirmer que « les femmes n’ont pas la nécessité de créer ». Leur séjour à la Villa Médicis exacerbe puis brise cet équilibre précaire. Désormais seule et en manque d’inspiration, elle se rapproche d’Axèle (la fascinante et mystérieuse Jenna Thiam à la rousseur magique), jeune femme libre et désaxée qui représente ce à quoi Camille aspire : une liberté artistique totale, un imaginaire débridé, une volonté d’acier, un caractère romanesque et un accès au monde irréel. Une mise en scène ingénieuse nous emporte dans les méandres de cette Villa Médicis, à la fois magnifique et écrasante, protectrice et menaçante. Le soir venu, entre pénombre et soleil couchant, on suit Axèle dans les jardins à la rencontre des statues et des fantômes qui s’animent.
- Copyright les films du Losange
Lentement, on quitte le réel pour s’acheminer vers un monde doux et fantastique. Le doute s’installe. Axèle ne représenterait-elle pas tout simplement le désir d’affirmation et de liberté artistique de Camille ? D’autant que le sujet du livre de Camille est consacré à Lucienne Heuvelmans, première pensionnaire de la Villa Médicis en 1911 (juste un siècle avant Caroline Deruas) qui ne pouvait exercer son art sans l’autorisation de son mari ou de son père. La sublime photographie de Pascale Marin qui nous jette entre violence et tendresse, accompagnée de la musique de Nicola Piovani, voix intérieure de la Villa envoûtante et angoissante, contribuent à renforcer l’ambiance mystérieuse et mélancolique de ce film qui vaut autant par la finesse de sa réalisation que par la qualité de ses interprètes.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.