Le 29 janvier 2024
- Scénariste : Raphaël Drommelschlager>
- Dessinateur : Raphaël Drommelschlager
- Genre : Fantastique
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 10 janvier 2024
Raphaël Drommelschlager écrit et dessine cette histoire qui reprend le personnage de son ancienne BD La craie des étoiles dans un récit mêlant fantastique et quotidien, une interrogation sur le sens de la vie, la quête du bonheur et les réponses que l’on peut y trouver...
Résumé : {L’île où le roi n’existe pas} présente un homme dans son bain : il coule, s’enfonce dans l’eau, aperçoit une baleine, l’affronte et remonte à la surface… de sa baignoire. Puis trois amis reçoivent la visite d’un inspecteur de police qui veut reprendre le déroulement de la journée du drame. Nous reconstruisons alors le parcours de Max, le jeune homme du bain, et de ses amis. Nous les suivons dans leur vie alors que Max va fêter ses trente ans et mène une vie rangée dans une librairie de tourisme.
Critique : Max Pérac n’est clairement pas heureux dans sa vie. Mais qu’est-ce qu’il lui manque ? Plus important, que désire-t-il ? C’est ce que nous allons découvrir au cours de cette BD qui joue sur le temps présent, le temps passé et le temps imaginaire. Si le fantastique signifie l’irruption du surnaturel dans le quotidien, cette BD a tout d’une histoire fantastique. Mais au lieu de surnaturel, nous préférons dans ce cas le terme de merveilleux.
Ce merveilleux qui, d’intrusion légère, va finalement devenir à un moment le cadre complet du récit. Mais là dessus, nous ne vous en dirons pas plus, car cette BD se lit avec plaisir en acceptant l’idée d’être guidé sans avoir forcément les réponses aux questions que l’on se pose. Certaines arrivent en temps et en heure, d’autres n’arriveront pas. Nous pouvons nous projeter dans la vie de Max mais au fur et à mesure, nous comprenons que son problème est loin d’être universel, il y a quelque chose de très intime, de très personnel aux angoisses de Max. Pourtant, nous le suivons, parfois sans comprendre, tout au long de ce récit.
Les choix de vie, par contre, sont quelque chose où nous pouvons tous nous retrouver. Et Max, à trente ans, se pose bien des questions. Plutôt, il se pose quelques questions qui le taraudent et auxquelles il n’a pas les réponses, ou auxquelles il ne veut pas voir les réponses.
Le merveilleux est-il une fuite en avant pour ne pas se confronter à ses problèmes ? Ou une apparition de quelque chose d’autre pour lui ouvrir une porte ? En tout cas, ce merveilleux est là. Il apparaît au détour d’une toile dans un musée, d’une salle de bain et se heurte parfois au dur quotidien pour rappeler Max à la réalité.
Cette BD assume son héritage avec des tenants du genre, comme « Les Baleines publiques », une aventure de Broussaille par Frank et Bom. D’ailleurs, Max évoque même le personnage de Broussaille. Cette filiation acceptée, la BD va plus loin, puisqu’elle nous entraîne au fond du coeur, de l’âme de Max. Trouvera-t-il le bonheur qui lui permettra d’accepter le temps qui passe ? Vous aurez la réponse dans cette histoire à la narration étalée, éclatée sur différentes périodes, parfois arrêtée sur un instant, ou ellipsant des mois entiers. Oui, on peut être perdu, mais c’est le jeu que veut instaurer l’auteur avec nous. Accepter de lâcher prise pour trouver le plaisir du voyage intérieur et extérieur.
Les personnages secondaires se révèlent très attachants : la bande d’amis de Max se caractérise vite et on accroche bien avec eux. Max demeure presque le seul qu’on ne comprend pas tout le temps, et dont on n’accepte pas forcément les choix. Alors que le récit nous ouvre au fur et à mesure son coeur. Ce choix particulier nous donne des regrets pour ces quatre compagnons, dont nous voudrions tant qu’ils restent plus présents dans la vie de Max. Mais ne vous en dévoilons pas trop et parlons du graphisme.
Raphaël Dropmmelschlager / Grand Angle
Le dessin de Raphaël Drommelschlager est semi-réaliste. Ses personnages sont dynamiques, vivants, leurs expressions nous touchent. Les décors réalistes restent feutrés grâce aux jeu des couleurs. En effet, l’auteur joue sur des teintes douces, claires ou sombres, mais toujours légères. Le noir des contours délimite les personnages et les décors, mais n’est jamais une couleur à part entière, la nuit est bleue, les ombres sont grises teintées d’autres couleurs. Ce sont par d’autres symboles que l’obscurité, les zones sombres de l’esprit de Max sont représentées.
Notons aussi la présence de ce carnet à dessin. Max dessine pour voyager. Il représente, dans un trait plus réaliste, à l’aquarelle, les endroits qu’ils voudraient voir, et ses amis ou d’autres personnages croisés dans ces longues journées monotones. Ces feuilles de dessins s’insèrent merveilleusement bien dans la BD et nous rapprochent de Max. Les couleurs plus vives sont différentes et apportent le contraste avec le dessin des cases.
L’ensemble forme un tout qui nous entraîne dans ce monde, ces mondes ou ces pensées. Peu nous importe, puisque l’envie est bien là de faire le voyage avec Max.
L’île où le roi n’existe pas est une BD qui parle de savoir garder ses rêves, de la recherche du bonheur, de l’acceptation de soi, de plusieurs thèmes au fil des pages d’un récit mêlant adroitement merveilleux et quotidien.
96 pages – 18,90 €
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