Clowns tristes
Le 19 mars 2015
L’humour en habit poli du désespoir dans une chronique stylisée et touchante.
- Réalisateur : Delphine Gleize
- Acteurs : Darry Cowl, Esther Gorintin, Artus de Penguern, Valérie Donzelli, Rolande Kalis
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 21 mars 2007
- Plus d'informations : Le site du film
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L’humour en habit poli du désespoir dans une chronique stylisée et touchante.
L’argument : Pour une raison qu’il ignore, Alfred a perdu la parole. Un jour, ayant fui une nouvelle fois le baiser de celle qu’il aime et sentant la solitude s’installer, il prend une décision. Alfred va adopter un enfant. Contre toute attente, sa demande est prise en compte et acceptée. Mais le jour J, celui qui arrive ne correspond pas vraiment à celui qu’il attendait...
Notre avis : En développant un argument scénaristique sciemment absurde (un homme adopte un enfant plus vieux que lui), construit à partir de sa propre expérience maternelle (elle était enceinte au moment de l’écriture), Delphine Gleize, jeune cinéaste pleine de promesses, a fomenté avec ce second long métrage une comédie minimaliste aux tentations surréalistes. Loin d’appuyer le trait ou d’amplifier le pathétique, elle montre des événements quotidiens avec son style étrange et plaide pour un humour cintré hérité du muet. Réalisé en partie grâce au succès d’estime de son premier Carnages, originellement conçu pour les ciné-concerts, L’homme qui rêvait d’un enfant n’échappe pas toujours aux pêchés mignons de la réalisatrice (fioritures stylistiques, ombre tutélaire de Browning) mais sa comédie nichée quelque part entre Iosseliani et Tati recèle une vraie tendresse humaine.
La poésie légère et cocasse qui en émane parvient à séduire malgré un premier quart-d’heure agressivement abscons et un contexte dépressif. Elle est solidement soutenue par une interprétation ad hoc : Artus de Penguern (Grégoire Moulin contre l’humanité) qui n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il ne dit rien, Esther Gorintin, révélation tardive découverte chez Finkiel, revue depuis chez Bertucelli et Lounguine, qui confère par sa simple grâce un charme assuré à cette rencontre de freaks brisés par l’existence ; et, surtout, Darry Cowl, très touchant, à qui le film est dédié. Comme dans Augustin, roi du kung-fu d’Anne Fontaine, il fait des merveilles en laissant exploser son talent pluriel : un humour de clown triste dans les parenthèses burlesques et une sobriété de loser magnifique dans les séquences mélancoliques. Peut-être l’un de ses plus beaux rôles.
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