Le 30 juillet 2020
- Nationalité : Allemand
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Un livre édifiant, qui sait vulgariser son propos. Le texte de Wohlleben nous invite à renouer avec le monde, en usant de nos sens.
Résumé : {À} partir des dernières découvertes scientifiques et de ses propres observations, le forestier le plus célèbre du monde nous ouvre les yeux sur les interactions secrètes entre l’homme et la nature. Les plantes réagissent positivement au toucher humain et sont capables d’entendre. Les arbres dorment, ressentent la douleur et ont comme un cœur qui bat. Notre tension artérielle se normalise à leur voisinage et la couleur verte nous apaise. En conteur incomparable, Peter Wohlleben nous révèle un cosmos merveilleux où l’homme n’est pas un être supérieur mais fait partie d’un tout, à l’égal de chaque plante, de chaque animal. Il nous donne des conseils pratiques pour transformer nos promenades en aventures et aiguiser nos sens. Il nous fait prendre conscience que respecter la nature, c’est nous protéger. Traduit de l’allemand par Lise Deschamps
Critique : A chaque canicule de plus, à chaque annonce de l’extinction définitive d’un animal, à chaque incendie de forêt continentale, nous vérifions, jusque dans nos vies, que les annonces des scientifiques d’il y a vingt ans étaient justes. Ils avaient raison, contrairement à ce que le système capitaliste, entre autres, continue de dire pour justifier l’exploitation stupide de notre planète. Nous sommes pris dans notre paradoxe : nous ne voulons plus de ce système, mais nous continuons à le soutenir malgré nous, faute d’en fixer l’issue. Pour savoir ce que sera le monde de demain, il est possible d’écouter ce que certaines voix disent haut et clair, sur ce qu’il conviendrait de faire, pour modifier nos comportements.
Peter Wohlleben, écologiste, forestier de métier, tient un discours sage sur notre rapport à la nature, en s’appuyant sur ses convictions, son expérience, mais aussi sur les études scientifiques en cours, qui vont modifier notre approche du vivant. Il n’annonce pas les catastrophes des collapsologies désespérées, mais invite à renouer avec le monde en usant de nos sens, que nous avons sous-utilisés, dans le cocon du confort moderne.
En fait de nature toute entière, ainsi que le laisse entendre le titre, Peter Wohlleben nous amène à nouveau en forêt, comme dans ses opus précédents, non plus, cette fois, pour découvrir la vie secrète des arbres, mais pour pactiser avec eux, dans notre intérêt. Il expose, très positivement, les conditions de ce contrat que nous devons à nouveau passer avec notre environnement, sous peine d’aller plus mal encore. Ce retour à la nature, aux accents survivalistes, né de l’écœurement du développement désordonné de l’humanité, trouve ici un de ses héros. Wohlleben n’est pas progressiste, comme certains qui vendent le rêve techno-écolo, mais traditionaliste au sujet de notre rapport aux végétaux. Il est un ambassadeur du monde des ormes, des pins, des fougères, etc. On admire, au fil des pages, sa mesure, sa simplicité, on aimerait sa compagnie pour faire les fameux "bains de forêt" dont il nous vante les vertus.
« Nous ne sommes pas des êtres dégénérés qui ne peuvent survivre à long terme qu’avec l’aide de la technologie moderne. Au cours de votre voyage dans les bois, vous serez surpris de constater à quel point vos sens fonctionnent bien ! Par exemple, il y a des odeurs que vous pouvez mieux percevoir que les chiens. Nous rencontrerons également des phénomènes électriques sur les arbres qui font dresser les poils d’araignée. À la campagne, il y a une pharmacie bien approvisionnée dans laquelle non seulement tous les animaux mais aussi vous pouvez vous servir. De plus, un cocktail de communication s’agite autour de vous, renforçant votre circulation et votre système immunitaire ».
Le livre sait vulgariser, à partir des propos développés dans les études scientifiques de pointe, qui, si elles se confirment, peuvent bouleverser plus encore le cartésianisme mécaniste. Celui-ci a longtemps justifié qu’on maltraite la nature au nom d’une sensibilité inexistante. Une des observations les plus troublantes, si tant est qu’elle soit vraie, et sans déflorer les nombreuses surprises du livre, a pour objet une plante invasive sud-américaine, qui imite la feuille de l’arbre qu’elle conquiert. En créant librement une fausse feuille de toutes pièces, les scientifiques ont constaté que la plante l’imitait aussi. Le bilan logique, qui rejoint d’autres conclusions d’études en cours, sur la composition des couches de matière de la feuille, c’est que le végétal voit ou plutôt perçoit son environnement. Stupéfiant ! Si les arbres nous regardent, nous ne sommes pas loin d’imaginer ce qu’ils pensent de nos manières à leur égard et de notre façon de cohabiter, en général. Assurément, l’auteur nous convainc que la place du végétal est à démultiplier dans nos villes minérales et à laisser en paix dans les campagnes.
Ce livre, qui parle de plantes, de fleurs, de champignons, laisse bouche bée sur notre ignorance de notre biotope. Tout est là et nous le détruisons. L’humain est très capable, mais pourquoi l’est-il si aisément et inconsciemment pour réaliser le pire ?
A lire impérativement et à voir en pleine nature, là où elle subsiste et là où il faut la laisser tranquille.
Auteur : Peter Wohlleben
Pages 288
Prix 20,90 €
Format 145x220
Parution 03 juin 2020
ISBN 979-10-375-0068-7
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