L’étrange vie de Nobody Owens T.2 - La chronique BD

Résumé :

Élevé dans un cimetière par un tuteur vampire et des parents adoptifs fantômes, Nobody Owens possède la particularité de pouvoir voir, entendre et apprendre auprès des défunts. Lui-même vivant alors que sa famille a été assassinée, il est temps pour lui de sortir de la sécurité du cimetière pour se confronter au monde réel et au meurtrier...

© Delcourt

Notre avis :

L’adaptation BD du roman de Neil Gaiman fait partie des challenges ambitieux de Craig Russel. Le premier volume se concentrait sur l’enfance et l’apprentissage des pouvoirs du jeune Bod, tandis que ce second volume s’attache à décrire son adolescence et l’arrivée à l’âge adulte. De sorte que le héros va petit à petit sortir du cimetière, pour finalement le quitter. Du coup, le lecteur se trouve partagé entre le soulagement de le voir quitter cet endroit qui reste lugubre malgré ses habitants sympathiques, et le désespoir de voir que ses aventures vont s’arrêter. Le premier chapitre, qui décrit la « scolarité » de Nobody Owens, était un modèle de thriller psychologique : confronté pour la première fois à l’environnement scolaire et des camarades faits de chair et d’os, le héros se trouve tiraillé entre l’envie d’intervenir et la possibilité de rester anonyme. Par conséquent, au lieu de se faire des amis comme on l’attendait, il se fait des ennemis... De même, le passage à l’adolescence, avec son changement d’attitude envers les jeunes femmes, aurait mérité d’être prolongé...

© Delcourt

Du côté des dessins, le changement d’illustrateur pour chaque chapitre apporte une fraîcheur dans l’approche, que ce soit dans les traits des personnages ou les codes couleurs. C’est un vrai plus pour un album complet, qui est donc la continuité du premier volume. Précis dans les caractères, solide dans l’atmosphère mi-glauque mi-humoristique qui jalonne toute l’histoire, les « méchants », la société secrète des Jacks manque seulement de consistance, de noirceur ou de développement. Là encore, le combat contre les gardiens (vampires, momies, loup-garou, qui sont étrangement du côté de Bien) aurait mérité un traitement plus en profondeur... même si, bien évidemment, l’histoire se serait éloignée de la vie à proprement parler du jeune Owens.

© Delcourt

Bien écrit, bien transmis, l’étrange vie de Nobody Owens laisse donc une impression étrange. Un envoûtement s’est petit à petit fait, puisque l’on est rapidement happé par cette ambiance gothique, par ces personnages pleins de contrastes... et finalement une petite frustration s’installe, de ne pas en avoir davantage, de ne pas savoir plus sur la vie du héros et surtout de tout ce qui l’entoure. On ne peut qu’espérer que ses aventures auront une suite, ou les personnages secondaires une histoire propre, pour continuer à évoluer dans ce monde de fantômes sympathiques.

Feuilletez les premières pages du tome 1 en cliquant sur l’image ci-dessous :


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