L’Etrange Festival 2018 : Anna and the Apocalypse - la critique du film

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Notre avis : Souvenez-vous, il y a de ça à peine une dizaine d’années, la rencontre entre la comédie et le film de zombies était un sous-genre qui connaissait une certaine popularité qui depuis, comme c’est le propre de tout effet de mode, s’est essoufflée et, pire, a été détournée en une vague de films peu inspirés. Retrouver aujourd’hui l’un de ces improbables mélanges de genre en ouverture de l’Etrange Festival nous rappelle que, malgré la saturation que nous avons endurée, la recette a peut-être encore de quoi nous surprendre. Or justement, la proposition de l’Ecossais Johnny McPhail s’aventure sur un terrain moins exploité, celui de la comédie musicale de zombies. Ce jeune réalisateur va même plus loin encore puisqu’il se donne pour défi de placer son scénario, déjà inévitablement très référencé, entre deux contextes plus calibrés encore : celui des teenmovies et des films de Noël.
Tant de codes amalgamés nécessitaient du réalisateur qu’il ait suffisamment de talent pour les détourner intelligemment. Autant dire que, de la part de ce jeune inconnu (son premier long-métrage, Where Do We Go From Here ? n’est pas sorti en France), cette histoire de morts-vivants avait de quoi faire peur. Et pourtant, il est difficile de ne pas penser à la découverte d’Edgar Wright qu’avait été Shaun of The Dead en 2004. Un réalisateur auquel il est évident que McPhail a pensé aussi, et a probablement pris comme modèle, puisqu’il a glissé quelques clins d’œil à ses comédies.

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Le plus regrettable des défauts de cette comédie musicale est assurément qu’elle nous a justement été vendue comme telle. S’il avait pu être réellement surprenant, le principal effet comique, qui consiste justement à voir les personnages se mettre à chanter dans des conditions qui ne s’y prêtent pas, aurait sans nul doute été, au moins les deux ou trois premières fois où il opère, beaucoup plus drôle. Heureusement, McPhail est un petit malin et c’est dans le détournement des codes propres aux teenmovies et aux films de Noël qu’il a concocté ses gags les plus inattendus. La meilleure surprise est en fin de compte de ne jamais le voir tomber dans la facilité lourdaude à laquelle nous ont malheureusement habitués les comédies de zombies. Point de surenchère de gore ni de vulgarité grandguignolesque ici.
Dès l’instant où il a mis sur table sa recette, le scénario reste même, du début à la fin, sur le fil d’un certain conformisme, au point de devenir, au fil de son avancée, de plus en plus prévisible. Peut-être était-ce pensé dès le début de l’écriture, mais il semble pourtant que l’auteur a fait l’erreur de griller trop vite toutes ses bonnes idées et de n’avoir plus, dans le dernier tiers, qu’à suivre sagement ses propres codes.

© Duncan McCallum

A sa façon Anna and the Apocalypse est donc inévitablement une surprise, aussi bien pour les spectateurs qui se laisseront porter par chaque passage musical, les plus drôles comme les plus émouvants, que pour ceux qui seront déçus de ne pas voir ce mélange de genre surréaliste ne pas tourner dans le grand n’importe-quoi délirant. C’est donc davantage les amateurs de comédies musicales, que ceux des farces trashs, qui pourront l’appréhender comme une bonne surprise... même si, encore une fois, c’est son manque de surprises qui est ce que ce film a de plus surprenant.