Le 12 octobre 2015
Un joli documentaire sur un monde peu connu, celui de la maternelle.


- Réalisateur : Jérôme Huguenin-Virchaux
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Durée : 52mn
- Date de sortie : 14 octobre 2015

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Un joli documentaire sur un monde peu connu, celui de la maternelle.
L’argument : Vingt-quatre enfants de petite et moyenne section font leur rentrée scolaire en école maternelle, la première pour la plupart d’entre eux. Les parents vont confier leur enfant à l’enseignante, Nadia Gandrey, qui apaise les pleurs et les peurs, et va leur apprendre à vivre ensemble, à communiquer avec les adultes et les autres enfants. Au fil d’une année scolaire, nous verrons ces enfants qui échangent, jouent et apprennent, distraits ou attentifs, concentrés sur un projet commun ou répartis en petits groupes, introvertis ou expansifs : ils apprendront à grandir, à trouver leur place à l’école comme dans la vie. Comment l’enseignante va-t-elle guider les enfants vers l’autonomie, faire en sorte qu’ils s’approprient des connaissances, des compétences qui les prépare aux apprentissages fondamentaux - l’écriture, la lecture, le calcul- du cours préparatoire ? Comment va-t-elle s’adapter à leur envie incessante de parler, de bouger, leurs humeurs, leurs maladresses, leur énergie à la fois débordante et candide et leur « apprendre à apprendre » sans les contraindre ? Ce film aborde avec poésie la manière dont, dès le plus jeune âge, l’on devient élève.
Notre avis : Pour la majorité des gens, l’école, mais plus particulièrement l’école maternelle, est une terre inconnue. Ils y laissent leurs enfants puis les reprennent et, hormis des compte-rendus ou les récits des petits, ne savent pas grand chose de ce qui s’y passe. L’ étape du papillon répond à ce manque d’assez belle manière.
Le documentaire s’ouvre sur une prosopopée : c’est l’école qui parle, plaçant l’année qui commence dans une grande continuité, avec l’idée de cycle qui sera reprise à la fin. Dès l’ouverture, c’est donc sous le signe de la douceur nostalgique que Jérôme Huguenin-Virchaux a choisi de placer cette évocation. Cela contamine l’ensemble et lui donne une couleur automnale, celle du temps qui passe.
Puis viennent les enfants, que nous suivrons une année scolaire, résumée en 50 minutes. Une année de patience extraordinaire de la part de la professeure, Nadia, qui ne cesse d’encourager, de consoler, de soigner, et d’éduquer. Elle est l’héroïne du film, tant ses qualités et sa douceur éclatent à chaque séquence. On la voit également rassurer des parents avec tact et mener des apprentissages variés, de la motricité à la tenue du feutre en passant par le brossage des dents. La caméra, qui se fait miraculeusement oublier, reste souvent à hauteur d’enfant, saisissant une mimique, un geste ou un regard. Mais peu à peu elle s’élève au fur et à mesure qu’ils grandissent et deviennent plus autonomes. Il y a même une séquence amusante dans laquelle les enfants qui dansent sont filmés un peu à la manière de stars hollywoodiennes se déhanchant.
© Smelly Dog Films
Le plus passionnant est évidemment l’évolution des petits, larmoyants au départ et prenant de l’assurance. Comme le dit la maîtresse, ils passent « de l’envie de jouer à l’envie d’apprendre ». Jérôme Huguenin-Virchaux sait cadrer aussi bien les doudous que l’enfant qui récite, ce qui rend compte de ce moment précieux où un changement majeur s’opère. On mesure par ailleurs la difficulté qu’a dû représenter le montage pour ne garder que quelques séquences significatives.
On pourra certes regretter que le cinéaste passe trop rapidement sur certaines scènes, ou au contraire qu’il ait ajouté des entretiens avec les enfants qui n’apportent pas grand chose, ou surtout qu’il n’ait pas nuancé un regard uniformément optimiste, mais ce documentaire est un témoignage précieux et délicat sur un âge peu montré, en même temps qu’une ode au travail attentif des maîtresses.