Le 8 août 2019
Pour sa dernière collaboration avec Bourvil, Jean-Pierre Mocky flingue à tout-va, souvent avec bonheur.


- Réalisateur : Jean-Pierre Mocky
- Acteurs : Francis Blanche, Michael Lonsdale, Bourvil, Jacques Legras, Jean-Claude Rémoleux, Denise Péronne, R. J. Chauffard
- Nationalité : Français
- Distributeur : Compagnie Commerciale Française Cinématographique (CCFC)
- Durée : 1h30mn
- Box-office : 1 278 907 entrées France / 211 201 Paris Périphérie
- Date de sortie : 11 février 1970

L'a vu
Veut le voir
Résumé : Pendant ses vacances, le vétérinaire William Chaminade est amené à soigner une femme délaissée, qui a tenté de se suicider. Il a alors l’idée de créer un centre où l’Étalon, être sans malice, sain et de haute moralité, assouvira la fièvre des sens des ménagères malheureuses en amour...
Critique : Le point de départ est audacieux : il s’agit de venir au secours de femmes mariées et frustrées à l’aide d’ « étalons » à même de les satisfaire. N’allons pas jusqu’à parler de féminisme, ce serait sans doute excessif, mais on mesure à quel point le scénario de Mocky porte des coups à la société des années 70 débutantes : pêle-mêle la bêtise de beaufs préoccupés par la pétanque et leur voiture, les députés muet ou incompétents, des policiers se revendiquant fascistes, l’aliénation par le confort, il frappe fort, sans nuances. Il attaque toutes les institutions à la manière d’un jeu de massacre, réjouissant en général, en s’appuyant sur ses trognes habituelles, mais aussi sur des caractères truculents (Francis Blanche, à qui il fait jouer un catholique vertueux), des seconds rôles (Jacques Legras et l’empreinte des boules sur son bronzage…) qu’il agite dans tous les sens, parfois de manière un peu vaine.
Les péripéties, qui conduisent jusqu’à l’Assemblée nationale, versent dans un excès voulu qui tire le film vers la pochade plus ou moins maîtrisée ; car, il faut bien le dire, Mocky ne tient pas la distance et L’étalon patine à quelques reprises. Le cinéaste a beau multiplier les situations cocasses, parfois proches du cartoon, elles ont tendance à se répéter (les poursuites de groupes, les « sosies » successifs du député) et à affadir la charge contestataire. Et pourtant, outre la sympathie qu’implique le côté iconoclaste de l’ensemble, on s’amuse beaucoup. Les cabotinages sont savoureux, et nombre de détails font mouche (les étalons qui pointent, le ballet sous-marin et adultérin) ; alors, même si, comme d’habitude, Mocky bâcle (sept jours de tournage !), il le fait avec une énergie dévastatrice, loin d’un cinéma tiède ou conventionnel, énergie qui en fait le charme sarcastique.