Le 11 février 2014
Filmé à la manière d’un documentaire, L’éclat du jour dresse le portrait de deux personnages que tout oppose pour finalement nous convier à une belle leçon de vie.
- Réalisateurs : Tizza Covi - Rainer Frimmel
- Acteurs : Walter Saabel, Philipp Hochmair, Vitali Leonti
- Genre : Drame
- Nationalité : Autrichien
- Durée : 1h31mn
- Titre original : Der Glanz des Tages
- Date de sortie : 12 février 2014
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Filmé à la manière d’un documentaire, L’éclat du jour dresse le portrait de deux personnages que tout oppose pour finalement nous convier à une belle leçon de vie.
L’argument : Philipp, acteur de théâtre reconnu, se produit sur les plus prestigieuses scènes de Vienne et Hambourg. Son quotidien est rythmé par l’apprentissage des textes, les répétitions et représentations. L’irruption dans sa vie de son oncle Walter, ancien artiste de cirque, va le pousser à ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure et réaliser que la vie ne se résume pas à la scène.
Notre avis : Après leur très intéressant long métrage La pivellina (2010), les réalisateurs Tizza Covi et Rainer Frimmel, photographes de formation, sont de retour derrière la caméra.
Si L’éclat du jour demeure une œuvre différente, tout comme les lieux utilisés (ici en Autriche et en Allemagne), la mise en scène reste la même et de nombreuses thématiques sont communes. On suit deux personnages, Philipp Hochmair, acteur célèbre dans le monde du théâtre, et Walter Saabel, un artiste du cirque, qui interprète le rôle de l’oncle de Philipp Hochmair.
© Peripher
Tizza Covi et Rainer Frimmel filment à nouveau dans un style proche du documentaire. On a l’impression d’être conviés aux coulisses de la vie de Philipp Hochmair qui, comme les autres personnages du film, interprète son propre rôle. La fiction prend donc comme base la réalité. Pour accroître ce sentiment de liberté, les protagonistes du film n’ont pas eu à apprendre leur texte, les cinéastes privilégiant le travail d’improvisation. Si l’on n’est pas pour autant dans un respect du Dogme, il n’empêche que l’on notera également l’absence de musique. Tout cela contribue clairement à créer un film à la lisière de la fiction et du documentaire. Tizza Covi et Rainer Frimmel aiment visiblement jouer des contrastes.
Il en va également des deux personnages principaux dont le caractère et la philosophie de vie sont très opposés, même s’ils appartiennent tous deux au monde du spectacle. Philipp est un homme individualiste qui vit pour le théâtre. Il apprécie le fait de pouvoir jouer des personnages très différents dans le cadre de son travail et d’être adulé. Pourtant, il n’est pas admiré pour lui-même mais pour les personnages qu’il interprète au théâtre. C’est tout l’inverse de Walter, qui se fait remarquer dans les actes de la vie quotidienne qu’il effectue : il s’occupe des enfants du voisin en les gardant et en jouant avec eux ; il monte un stratagème pour aller chercher la femme du voisin qui est isolée en Moldavie. Pour Walter, la vie vaut d’être vécue pour soi mais aussi pour les autres.
Dans un très beau plan séquence qui arrive en plein milieu du film (comme pour indiquer qu’il s’agit d’une césure), toute la différence entre ces deux approches de la vie est révélée. Philipp déclare que la liberté “c’est de vivre ma colère, à travers des rôles différents. C’est ça l’éclat d’un jour. C’est ce qui reste, c’est la joie d’y être arrivé. “ Walter répond que, selon lui, l’éclat d’un jour, c’est “se trouver au bord d’une rivière, attraper une belle truite et la remettre à l’eau.” L’un vit pour son travail et le plaisir qu’il lui procure, en dehors de la réalité et des gens qui vivent autour de lui. L’autre entend pour sa part profiter du moment présent pour lui mais aussi pour les autres. Walter est un homme bon qui cherche à se rapprocher de sa famille (manifestement il y a eu un lourd différend entre Walter et le père de Philipp, qui explique que ce dernier ne veut pas entendre parler de son frère) et connaître son neveu. Il va le voir dans sa loge et lui fait répéter ses textes. C’est une façon de se rapprocher de lui avant qu’ils pratiquent ensemble des activités ludiques, comme le fait d’aller à une course de chevaux.
© Peripher
La relation qui s’établit entre ces deux personnages ne manque assurément pas d’attrait. Mais là où le film devient riche, c’est par sa capacité à signifier que les choses ne sont pas figées. Aux côtés de Walter, Philipp évolue dans son approche de la vie. Comme s’il comprenait que tout ne se résume pas à jouer des rôles au spectacle. Ainsi, il accepte d’aider Walter dans sa quête visant à ramener l’épouse du voisin. On assiste à une très belle scène, d’une grande simplicité, où tous les protagonistes se retrouvent pour fêter avant l’heure le retour de cette femme attendue. Tout le monde s’amuse et la gaieté est omniprésente. Comme quoi, il n’y a pas besoin de grand chose pour être heureux : juste le fait d’être ensemble et de vivre des bons moments en commun. La scène rappelle par ailleurs l’une des séquences de fin de La pivellina où des forains avaient décidé de faire la fête en l’honneur d’une petite fille qui allait prochainement les quitter.
Le parallèle entre les deux derniers films de Tizza Covi et Rainer Frimmel ne s’arrête pas là. L’un et l’autre sont pétris d’humanisme et d’une empathie qui se matérialisent notamment autour du personnage de Walter. La mise en scène est également en phase avec son sujet, en suivant au plus près les protagonistes du film et en effectuant à plusieurs reprises des gros plans sur leurs visages.
D’ailleurs, la distribution constitue une des grandes qualités du film. Les acteurs sont tous épatants de naturel, à commencer par Walter Saabel qui incarne à merveille cet homme souhaitant se réconcilier avec sa famille et faire le bien autour de lui. L’acteur a mérité le prix de la meilleure interprétation masculine obtenu au festival de Locarno en 2012. De son côté, Philipp Hochmair lui rend très bien la pareille, en interprétant un personnage individualiste et quasi narcissique (voir l’épisode de la statue à son image qu’on lui offre) qui se révèle bien plus nuancé dans ses sentiments que ce que l’on imagine au départ.
L’éclat du jour est au final un petit film d’auteur filmé sans prétention, qui met l’accent sur des valeurs nobles, à l’image de l’humanisme vrai et sincère dégagé par son personnage principal. Si la vie n’est pas un long fleuve tranquille, la fin ouverte laisse tout de même le spectateur sur une note positive. Voilà un long métrage qui mérite donc d’être vu.
© Zootrope Films
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